Extrait du journal

Un banal incident d'étapes du temps de paix fournit, ces jours-ci, à M. le ministre, de la guerre,' l'occasion de toucher du doigt le côté fâcheux de l'organisation de certaine de nos unités. Un régiment de cavalerie est au camp; il est composé de trois escadrons à cheval et d'un escadron motorisé. On dé cide, le il juillet, le retour du régiment, afin qu'il soit, autant que possible, présent à la revue du 14 juillet dans sa garnison, qui est à cent soixante kilomètres du camp. L'es cadron motorisé, comprenant motocyclistes et auto-mitrailleuses, revient en deux journées et figure, frâis et dispos, à la revue. Les escadrons à cheval ont six jours de route, soit cinq étapes et un repos. Us n'arrivent qué le 17 juillet. Les tins et les autres ont fait leurs étapes normales. La différence des vitesses a disloqué le régiment, comme elle rompit naguère l'unité des Curiaces. Transportons dans une situation de guerre quelconque ces données qui viennent d'être vécues. Voici un régiment qui accourt vers un point menacé de la frontière ou qui est envoyé cri avant-garde. Au bout d'un jour, il est désuni ; sa fraction motorisée est isolée. Cet escadron va combattre seul pendant que ses compagnons se traînent sur la route. Ou bien il va attendre l'arrivée des combattants à cheval et sa vitesse ne lui aura servi à rien. L'erreur d'accoupler des. unités de vitesse différente apparaît encore plus fâcheuse quand l'échelle augmente. Nous avons ac tuellement des divisions de cavalerie qui ont deux brigades a cheval, un régiment moto risé, une artillerie hippomobile. A l'heure du danger, au jour de la bataille, l'unité moto risée arrivera seule au combat, sans artille rie, laissant le gros de la division à cent ki lomètres en arrière. On ne peut vraiment attendre que des déboires d'une organisation aussi mal comprise. Et l'on songe à l'anxiété du général de division, qui se demandera où est sa pîaçe, avec ceux qui sont les moins nombreux, mais qui ont l'armement plus puissant, qui vont vite et qui se battent, ou avec les autres qui sont le plus gros effectif, mais qui marchent lentement et arrivent après la bataille. Ira-t-il avec le premier ou avec le troisième Curiace ? On fait, dans des camps, ou à des manœu vres où les distances sont toujours petites, des expériences qui sont trompeuses. On constate, par exemple, que, sur un parcours de vingt-cinq kilomètres, les unités à cheval 11e sont pas arrivées très en retard sur les unités motorisées et l'on conclut qu'il faut garder des gens à cheval. De tous les séjours dans les camps de cette année, l'expérience la plus fructueuse est celle que vient de faire cette unité rentrant dans sa garnison. Le gé néral ou le préfet qui a demandé le retour rapide du régiment de cavalerie a mérité, sans le savoir, la reconnaissance de tous ceux qui voudraient une armée organisée pour la guerre. Nous demandons instamment à M. le mi nistre de ne pas atteler ensemble des unités 1...