Extrait du journal
Mais je sais aussi qu'il est des positions qui font du mensonge un point d'honneur pour les gens d'honneur; c'est le résultat inévitable d'une mauvaise vie, que sa plus noble défense doive être une mauvaise action. Vous parlez comme un amant, je parlerai comme un père. Ecoutez-moi, Mon sieur; ce que j'ai à vous dire est grave, et le parti que YOUS allez avoir à prendre ne l'est pas moins. L'autorité avec laquelle M. de Labardès prononça ces der nières paroles força Georges au silence, et le vieillard reprit : J'ai été pour vous un père indulgent, ftrop indulgent sans doute. Depuis long-temps j'ai fermé les yeux sur votre conduite. Forcé de la punir sévèrement si j'en avais paru instruit, j'ai feint de l'ignorer. Ça été une transaction hon teuse entre mes devoirs de père et ma faiblesse pour vous. Mais je dois vous expliquer pourquoi j'ai fait cette transac tion avec moi-même : c'est parce que je n'ai pas voulu ex poser mon autorité de père à être méconnue, tant que les pas sions de votre jeunesse auraient assez de violence pour vous exposer à la méconnaître ; c'est parce que j'ai décidé que le jour où elle parlera elle devra être obéie. Ce jour est venu, Monsieur. Ce n'est pas moi qui l'ai hâté. Je vous ai dit que j'avais été un père indulgent, et je l'eusse été peut-être en core long-temps sans ce qui s'est passé cette nuit. Tant que vos déborderaens sont restés bien loin de moi, j'ai pu, j'ai voulu ne pas les savoir. Le monde a dû me croire aveugle ; peu m'importe 1 Aujourd'hui ils ont franchi le seuil de ma maison ; ils ont éclaté chez moi par un double et honteux scandale. L'hôtel de l'ancien chef de la justice a été envahi par les agens do la force publique comme la retraite d'un assassin; cette chambre, qui était la mienne quand, bien jeune encore, j'épousai votre mère avant d'être le chef de ma famille; cette chambre, où elle vous donna le jour, a été forcée aujourd'hui par l'adultère : vous avez introduit votre maîtresse sous le toit de votre père; vous avez déshonoré ma maison ! Mon père ! s'écria Georges. Vous l'avez déshonorée, et il me faut une réparation à moi et au monde.Cette réparation,, vous me la donnerez, ou tout sera fini entre nous. Georges se tut ; mais le tremblement nerveux de ses dents, ses poings serrés, son front contracté, laissaient voir assez par quel effort violent il se contenait. Son père le regarda avec dédain, et ajouta : —Il vous semble fâcheux, n'est-ce pas, de ne pouvoir vous lever fièrement àce mot de réparation, et de ne pou voir dire insolemment à votre père : Je vous laisse le choix des armes, du lieu et de l'heure ? Ce reproche sembla toucher Georges, et il répondit avec dignité :...
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
En savoir plus Données de classification - de labardès
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