Extrait du journal

M. de Moltke parlait ainsi en 1868, avant qu'une fortune que lui-même n'espérait pas, servie par un aveuglement et une démence qu'il ne pouvait pas rêver, l'eût amené dans les murs de Strasbourg "et .sous les murs de Paris. Aujourd'hui, les préten tions de l'Allemagne ont grandi avec sa fortune; ce n'est plus la neutralisation, c'est l'incorporation de la frontière qui est à l'ordre du jour. Il ne faut pas s'y trom per : toute négociation est impraticable dans ce moment-ci. Il faut nous défendre, parce que faire la guerre est le seul moyen d'arriver à une paix possible. M. de Bis mark et le parti des politiques sont distan cés et effacés par le parti militaire, et le parti militaire est soutenu et porté par l'opinion publique de l'Allemagne. La mal heureuse et traditionnelle habitude que nous avons en France de croire que tout converge autour de nous, et qu'il n'y à pas d'opinion publique dans les autres pays, fait que nous nous occupon§ à peine de ce qui se pense et se dit ailleurs. Autrement, et seulement en prenant ,la peine de lire, nous aurions vu que les Allemands, malgré les perles énormes qu'ils avaient subies, ne demandaient pas à s'arrêter. Leur mot était, et il est encore : « C'est toujours à recommencer, nous voulons en finir. » Quand, de notre côté, nous disons qu'ils ne peuvent pas continuer longtemps la guerre, parce qu'ils en souffrent encore plus que nous, parce'qu'ils sont tous, ou presque tous, des citoyens engagés dans les carriè res civiles, commerçantes, industrielles, qu'ils sont arrachés à leurs familles et à leurs affaires, ils répondent, de leur côté ; « C'est précisément pour toutes ces raisons que nous voulons aller jusqu'au bout, à tout prix. C'est pour cela que, maintenant que nous avons des gages, nous voulons les garder; ce sont pour nous les garanties de fa paix de l'avenir....