Extrait du journal
Il n'est jamais trop tard pour bien faire, dit le proverbe. M. le ministre de l'inté rieur s'est évidemment inspiré, depuis quatre ou cinq jours, de cette vieille vé rité. Il s'est avisé que les fonctionnaires n'étaient pas assez intervenus dans la lutte électorale. Il s'en est avisé, ou plutôt ou l'en a avisé. Une fois averti, il amis une hâte fiévreuse à réparer le temps perdu. Il a expédié des instructions télégraphiques aux préfets. Ceux-ci ont déployé, de leur côté, une grande activité. Ils ont envoyé des circulaires aux fonctionnaires. Ils ont encouragé" les hésitans, stimulé les paresseux et ramené les égarés. Ils ont démenti officiellement les fausses nou velles et menacé d'en poursuivre les au teurs. Ils ont fait placarder sur les murs des mairies, dès le .16 octobre, le numéro du Journal officiel des communes qui devait paraître le 18. Bref, on s'est donné beau coup de mal, Tout cela, nous nous empressons de le dire, est plus bruyant qu'efficace. « Can didature officielle 1 pression électorale! » s'écrient en chœur les journaux de Droite. Il y a beaucoup d'exagération dans leurs plaintes, et ils ont double ment tort de se tromper en pareille ma nière/ car ils devraient s'y -connaître. Tout ce qui s'est fait la semaine dernière est pur entantillage, comparé à ce que Jeurs amis ont fait en d'autres temps. Quand certains républicains invoquent le souvenir de la bataille de 1877, quand ils nous prêchent là discipline au nom des souvenirs du 16 Mai, ils établissent une comparaison qui ne tient pas debout, tant les situations sont-di verses. Mais aussi, quand les monarchistes accusent le gpu vernement républicain çlu délit de contre façon des procédés électoraux de M. de Fourtou, ils sè moquent de leurs lecteurs. Nous perdrions notre temps si nous insis tions longuement sur les différences. Ce que nous reprochons au ministère actuel, ce n'est pas d'exercer une pression réelle, c'est de se donner l'air d'en exercer une; c'est de fournir aux adversaires de la ré publique l'apparence d'un grief; c'est de gaspiller en quatre jours la réputation d'impartialité, de correction, de parfaite honnêteté électorale qu'il a mis quatre mois à acquérir. On peut penser ce qu'on voudra des élections du 4 octobre ; il est un fait qu'on ne niera pas, pour peu qu'on ait de bonne foi : c'est qu'elles ont été les plus libres que ce pays eût jamais vues. Elles l'ont été trop, au gré de quelques per sonnes. Nous ne sommes pas de cet avis. Le ministère a eu un tort, nous montre rons tout à l'heure lequel; mais non pas celui de ne point assez intervenir. Il faut lui rendre justice : il a recommandé, il a imposé à ses fonctionnaires la seule atti tude qui puisse convenir aux agens du pouvoir en temps d'élections : celle d'une absolue neutralité. Si les réunions publi ques ont été parfois rendues impossibles, ce n'est pas.par les commissaires de police. Pas un préfet, pas un percepteur, pas même un juge de paix n'a été révoqué. La presse a publié ce qu'elle a voulu ; nous ne croyons pas qu'il y ait eu, de puis plusieurs semaines, un seul procès intenté par le ministère public contre un journal. On a pu Insulter la république, son Président, ses ministres, on a pu de mander la tête de tel ou tel homme d'Etat,...
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
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