Extrait du journal

Les anciens disaient que ". ceux qui meu rent jeunes sont aimés des dieux ». Les dieux ont trop aimé notre jeunesse : ils l'ont décimée. Les noms se'pressent sous ma plume ; je n'en citerai, aucun : je me reprocherais de choisir ceux que. j'ai con nus, et dont je pleure la perte avec ceux qu'elle a désolés, entre les jeunes héros du même âge qui ont aussi versé leur sang et qui méritent la même couronne et les mêmes larmes. .Qui donc aujourd'hui, en France, n'a pas à. pleurer un des siens et n'est pas inquiet sur le sort des autres? : Nous maudissons tous, du fond de notre âme, l'auteur, responsable de ces morts prématurées. Le fou criminel dont la folie a fait couler à flots tout ce jeune sang, le meurtrier qui a déchaîné tout ce carnage sur le monde, mérite d'être voué au châti ment par la haine universelle, d'être exé cré par tous les peuples, même par le sien. Toutes .les femmes, les mères, les jeunes épouses, les sœurs, les fiancées, ont le droit de lever la main contre lui, de le citer au tribunal de Dieu, d'appeler sur lui et sur sa race la colère et les représailles du Dieu vivant. Il faut être un père romain, comme le vieil Horace de notre Corneille,...