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Journal des débats politiques et littéraires, 18 octobre 1931

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Journal des débats politiques et littéraires
18 octobre 1931


Extrait du journal

Une jeune fille de condition moyenna reçoit les avances d'un jeune homme qui lui fait une cour honnête: .Il est sérieux et travailleur, elle n'a aucune raison de se défier de lui, et accepte de l'épouser. Dès les premiers jours du mariage, elle est atterrée de son avarice. Elle doit rendre compte de chacun des sous qui lui sont alloués parcimonieusement pour le mé nage. Son mari paraît l'aimer, il est bon pour elle, si c'est être bon que ne donner que ce qui ne coûte rien. Mais il n'y a pas une heure de distraction, de relâche, il faut toujours travailler, ou économiser. Au bout d'une année, la pauvre femme était résignée à sa morne vie, quand elle voit un jour un feu nouveau bril ler dans les yeux de son mari, qui lui dit : « Mon canard (ou tout autre terme an glais diune tendresse équivalente), nous allons partir en vacances ! » Elle rougit de surprise et de curiosité. Que peuvent être les vacances de quel qu'un qui ne veut rien dépenser ? Une ainère songerie dans quelque trou ? Mais, dès le premier jour des vacances, elle est stupéfaite. L'argent court, il roule, il vole, ce sont toutes les économies de l'année qui s'en vont. Le ménage prend dés voi tures, il va dans les grands hôtels, il s'ep fonce dans de profonds fauteuils, il aspire, au bout d'une paille qui revient bien cher, des boissons délectables. Plaisir plus doux encore, les jeunes gens donnent des pour boires, ce qui crée en eux l'illusion de changer de classe. Ils vivent en gens ri ches, pour huit jours ! Au bout de huit jours (ou bien peut être quinze), le petit trésor a fondu, le souci reparaît, il faut rejoindre la mai son, le travail et l'économie. On les re gagne du même train dispendieux. Les derniers shillings iront au dernier cab, et, comme le mari discute devant sa porte, la femme abasourdie a l'impression qu'il n'a plus un sou dans sa poche, qu'on va con naître l'opprobre de ne pouvoir payer, ou le pugilat. C'est alors que son mari lui chuchote : « Monte chez nous, sous la pen-1 dule, tu trouveras quelque chose ». Elle court et rapporte une pièce de dix . shil-, lings, la dernière. Tout était prévu, jus-' qu'à l'extravagance. . Cet Anglais était déraisonnable, et les Anglais ne sont pas tous fous, quoi qu'en dise le fossoyeur, dans Hamlet. Mais il faut toujours regarder les caricatures tra cées par des nationaux, elles contiennent une part de vérité. La vérité de cette his toire, c'est que l'Anglais économise dépenser. On voit, dans les pensions de famille anglaises, les petits employés dé penser dans leur week end autant d'argent que pour tout le reste de la semaine. L'An glais moyen adore vivre au-dessus de ses revenus, pour quelque temps. 11 n'est pas étonnant que la nation ait fait de même...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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