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Journal des débats politiques et littéraires, 19 décembre 1834

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Journal des débats politiques et littéraires
19 décembre 1834


Extrait du journal

„ v,. • PARIS, 18 DÉCEMBRE. Le gouvernement a dit à la tribuûe que sa politique était unç politique de résistance. On donne d'étranges interprétations de cè mot. Oui, la politique du 13 mars et du 11 octobre, est une po litique de résistance, mais de résistance à quoi? à la désorganisa tion de tous les pouvoirs, au renversement de toutes les lois, àla confusion de toutes les idées sur lesquelles reposent la force et là justice sociale. Casimir Périer a le premier donné l'exemple de cette glorieuse résistance, quand, au lieu dé laisser faire l'émeute, il lui a sérieusement opposé les armes que la loi a remises à la garde nationale pour maintenir l'ordre public. La loi sur les crieurs, publics et la loi sur les associations sont deux lois de L'une ne permet pas de crier la révolte dans les rues, l'autre de la préparer et de l'enrégimenter dans les clubs. La politique du gouvernement est une politique de résistance, c'est-à-dire encore que le gouvernement n'a point envie de précipiter la société fran çaise dans les périlleux essais d'une réforme sans limites , et de risquer toutes les libertés acquises pour courir après une liberté imaginaire. Ainsi le gouvernement ne pense pas qu'il y ait lieu de changer radicalement tout notre syfemte électoral pour voir quel effet cela ferait et si la liberté se tirerait mieux cette fois tèn tative de suffrage universel, qu'elle ne s'en est tirée jusqu'ici. Voilà comment le gouvernement entend la politique de résis tance. S'en suit-il que cette politique soit une politique d'éternelle immobilité, et que tant qu'elle durera, il n'y ait à espérer d'elle ni concessions ni améliorations? Supprimons d'abord ce mot de concessions. 11 ne peut convenir qu'à la faiblesse qui fait de mauvaise grâce ce qu'elle ne voudrait pas faire. Un gouverne ment éclairé n'a point de concessions à faire; il va au devant des réformes prudentes et des améliorations utiles. Or, si la politique du gouvernement a été une politique d'énergique résistance au désordre matériel et moral, n'a-t-elle pas été aussi une politique de réforme ét d'amélioration? Que faisons-nous donc depuis quatre ans? N'avons-nous pas repris une à une toutes nos lois pour les modifier, poury faire entrer le principe de liberté qui est l'âme de nos institutions? Pendant que les partis nient là liberté, elle marche. Il n'y a pas quinze jours encore, Paris, après une interruption de quarante années, était appelé à l'exercice de ses droits municipaux. La moindre commune de France a aujour d'hui son conseil électif. L'instruction, au moyen d'une loi excel lente , se propage dans les classes jusqu'ici vouées à l'ignorance. Ces réformes, sous quel régime ont-elles été faites? Sous le régime de la politique de résistance. Nous n'en indiquons qu'une très faible partie. De session en session, l'ouvrage avance. Tant de dé sordres à réprimer, tant de passions furieuses à contenir ne l'ont pas interrompu un moment. Résistance au désordre, oui ! résistance aux améliorations dé montrées utiles et bonnes, jamais! Ainsi dégagées des nuages dont lçs partis cherchent à l'obscurcir pour la rendre odieuse, nous di sons que la politique de résistance est la vraie politique de la Charte, la vraie et la seule politique raisonnable. La Charte de 1830 est une Charte de résistance ! Si vous en doutez, expliquez-nous pourquoi au lieu de chercher un point d'appui dans cette Charte, c'est contre elle que les partis tournent-tous leurs efforts? Après une révolution, les hommes;qui, de façon ou d'autre y ont coo péré , se divisent en deux classes, les uns qui veulent s'en tenir à la révolution faite, les autres qui veulent s'élancer au-delà, au ris que de remettre en question les résultats accomplis. La Charte de 1830 a eu pour but précisément de fixer la révolution et d'en mar quer la limite. La Charte de 1830 c'est la révolution faite, ce sont sesrésuilats accomplis et par conséquent l'obstacle aux révolutions à faire. De là le caractère si différent de la Charte de 1814 et de la Charte de 1830. Moins libéral que la Charte de 1814, le gouverne ment de la Restauration l'a toujours traitée en ennemie. Aussi est ce aux cris de vive la Charte que s'est faite la révolution de 1830. Sincèrement dévoué aux principes libéraux de la Charte de 1830, c'est en elle que le gouvernement de juillet a pris son point d'ap pui. La Charte, c'est sa protection, c'est son rempart. Aussi les partis qui attaquent le gouvernement crient-ils à bas la Charte 1 'La Charte de 1830 est une Charte de résistance contre ceux qui veulent plus ou autre chose que la révolution de 1830, comme la politique du gouvernéinent est une politique de résistance contre...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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