Extrait du journal

Paris, le 22 novembre 1893. Monsieur le président de la Chambre des Députés, J'ai l'honneur de soumettre à votre haute appréciation les faits suivants : Au lendemain de l'élection du 20 août, j'ai adressé à M. le préfet de la Haute-Garonne une protestation motivée contre l'élection de mon concurrent M. Calvinhac, illégalement élu, ajoutant que, le moment venu, je joindrais mon dossier à l'appui de ma protestation. J'ai adressé, à la date du 16 courant, sous pli recommandé, une lettre à M. le président de la 4e commission parlementaire. Je l'avisais de mon arrivée à Paris, le 20, pour y être en tendu par la commission et lui soumettre mon dossier. Dés le 20, à dix heures du matin, je me pré sentais à la questure et je priais M. le secré taire général d'informer M. le président de la commission, M. Lockroy, que j'étais avec mon dossier à sa disposition. M,- le secrétaire me remit d'ailleurs une carte portant l'adresse de M. Lockroy, chez lequel je me suis rendu lé soir à six heures, et j'ai été reçu le 21 à onze heures du matin, me mettant à sa disposition : à mon profond étonnement, il m'a répondu que c'était désor mais inutile et que M. Calvinhac avait été va lidé dans la séance d'hier 20 courant. M. Gauthier de Clagny, que j'ai vu a midi, m'a confirmé cette validation. J'ai d'autant plus lieu de m'étonner de ces procédés, que j'avais fait connaître, je l'ai déjà dit, verbalement et par écrit, que je deman dais à être entendu par la commission et à lut signaler les faits viciant l'élection de M. Cal vinhac, qui, malgré toutes les fraudes com mises, n'a obtenu que 33 voix de majorité ab solue. Suivait ensuite l'exposé des griefs re levés contre l'élection de M. Calvinhac. Je n'ai pas à apprécier la responsabilité qui incombe à M. Lockroy. Peut-être pourrait-on trouver l'explication de son attitude dans ce fait qu'il avait besoin des voix des députés socialistes pour se faire élire vice-président de la Chambre,...