Extrait du journal
I.ES GALONS ... A la fin de votre villégiature. d'été, ;frais et reposé comme il convient, et enclin ià la bienveillance, vous débarquez à la gare de Lyon et prenez un omnibus de famille. ! Tout à coup vous apercevez, trottant der rière vous, un pauvre diable, déguenillé, qui vous suit. Vous devinez qu'il convoite !le plaisir de décharger vos malles. Comme Ivous allez très loin, vous avez pitié de lui. Vous le hêléz et lui dites': : Je vais à Auteuil, vous ne pouvez pas suivre jusque-là. Il insiste. Vous lui tendez une pièce d'ar gent qui représente son pourboire éventuel. 11 l'accepte, mais continue à courir. Vous êtes troublé : cela vous fait mal aux jambes et aux poumons de le voir souffler et s'é reinter ainsi. Vous lui offrez un second pourboire en le suppliant de s'en aller. Il n'entend rien, il court toujours. Alors, vous remarquez qu'il y a un marche-pied à votre omnibus. Vous l'y faites. monter. Il s'y, installe. Il vous raconte son histoire.. Cela va le mieux du monde. ■ Tout à coup, arrive derrière vous up au tre omnibus de famille dont le cocher ré marque votre compagnon. Aussitôt, le voilà criant, sacrant, jurant, menaçant de son fouet le pauvre hère qui descend de son marche-pied et recommence à courir, piteusement, sous les injures de l'autre: Cela vous étonne. Le malheureux qui vous suit n'est point un fainéant : il faut avoir -besoin de gagner' sa vie pour traver ser tout Paris au pas de course, au risque de tomber sur un concierge qui l'enverra promener. Il est d,e la même classe sociale que le cocher qui l'invective. Ce cocher pourrait, sinon l'aider, du moins lui rendre le petit service de fermer les yeux ; car, vrai ment, les intérêts de la Compagnie ne sont point enjeu. Le fussent-ils un peu, ce serait plutôt, vous semble-t-il, à vous de les dé fendre, à vous qui n'êtes qu'un « affreux bourgeois», plutôt qu'à ce cocher, qui est un prolétaire. Cependant, vous avez eu pitié, vous vous êtes tu, et c'est le cocher qui chasse son camarade. Pourquoi ? Je me suis posé cette question, l'autre jour, ayant eu la petite aventute que je viens de raconter. Pourquoi ce cocher est-il si dur? Pourquoi ne pense-t-il pas que le pauvre diable qu'il chasse de son marche pied n'aura peut-être pas la force d'aller...
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
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