Extrait du journal

Des troubles assez sérieux ont eu lieu hier à la Sorbonne, au cours de M. Lenormant. Le profes seur a été interrompu ; des vitres ont été brisées par les jeunes gens qui, n'ayant pas pu trouver place dans l'amphithéâtre , remplissaient la cour. L'intervention du commissaire de police et de la garde municipale a été nécessaire pour dissiper les groupes et rétablir la.tranquillité. Ces désordres sont profondément regrettables. Ils méritent un blâme sévère. Il est vrai qu'il y a deux ans le parti néo-catholique prit lui-même l'initiative de ces scènes scandaleuses, en venant siffler jusque dans leur chaire deux professeurs du Collège de France; mais il n'y a pas de revanche légitime en pareil cas, et les représailles qu'un autre parti exerce aujourd'hui contre M. Lenor mant n'en sont pas moins odieuses et condamna bles. C'est au gouvernement à faire la police des cours; c'est à lui à ne pas souffrir que des leçons, qui devraient toujours être impartiales et graves comme la science, dégénèrent en une polémique irritante et ouvrent une espèce d'arène aux partis. Nous n'assistions pas au cours de M. Lenormant ; nops ignorons ce qu'il a pu dire; nous n'avons pas besoin de le savoir pour condamner un désordre qui ne peut être justifié d'aucune manière, et pour approuver les mesures de protection que l'autorité devait à l'enseignement et au professeur. Nous comptons assez sur le bon sens de la jeu nesse pour espérer que ces scènes déplorables ne se renouvelleront pas. A quoi aboutiraient-elles? En voulant donner une bonne leçon aux jésuites, les perturbateurs s'exposeraient à en recevoir une de la loi ; et quant à l'espèce de défi qu'on leur jette, d'an autre côté, en les traitant de lâches avec tant d'imprudence, ce qu'ils ont de mieux à faire, c'est de le mépriser. La presse presque tout entière leur donne d'excellens conseils, nous som mes heureux de le reconnaître. Qu'ils se tiennent en garde contre les provocateurs, jésuites ou au tres, dont la passion se ferait un jeu de mettre la jeunesse aux prises et de transformer la paisible Sorbonne en un champ clos !...