Extrait du journal

Anvers, 16 juin. Les coups de feu que l'on a entendus hier durant presque toute la journée se sont renouvelés vers six heures du soir avec plus de force. Un bâtiment portant pavillon belge , appartenant kM. N. de Cock, et destiné pour l'intérieur , avait appareillé et se disposait k partir, lorsque les canonnières hollandaises lui intimèrent, après quelques coups de fusil, l'ordre de rester et d'amener son pavillon. Pendant les pourpar lers entre le capitaine du bâtiment belge et les chefs hollandais, des coups de fusil furent échangés entre les canonnières et les quais. Tel est, dit-on , le motif de cet engagement!. A neuf heures, on a battu la générale pourconvoquer la garde civique ; un très petit nombre d'hommes ont répondu k l'appel. La nuit s'est passée plus tranquillement qu'on n'osait l'espérer; les coups de feu étaient plus rares que dans la soirée. Deux bâtirneus belges sont sortis des bassins et ont mis ce matin k la voile sans éprouver d'obs tacle. Cependant la terreur est toujours très grande dans la ville. On assure que les Hollandais exigent une satisfaction pour les agressions dont ils prétendent avoir k se plaindre , et ne veulent plus laisser passer aucun bâtimeut d'Anversk l'intérieur. Jusqu'à présent ils laissent sortir des bassins les «avives en charge".- i On porte k dix mille le nombre des liabitans qui ont quitté Anvers depuis dimanche, et la confiance est loin d'être rétablie. On a descendu hier le tableau du maître-autel de Notre-Dame (l'Assomption, de Ru bens) ; les deux autres chels-d'œuviés'de ce peintre, notamment la Descente de Croix, sont recouverts d'un talus formés de' grosses solives qui puissent les mettre k couvert de la chute des pierres, dans le cas où , par suite d'un désastre , les voûtes de l'édifice viendraient k s'effondrer. Nous doutons que ces précautions puissent les garantir en cas d'incendie; nous pensons qu'il serait plus prudent de transporter ces tableaux dans une ville voisine. On assure que des ordres très sévères sont venus de Bruxelles pour rechercher les causes des engagemens qui ont lieu chaque jour, sans motif, entre la ville et les Hollandais, et dans le cas où il serait prouvé qu'ils aient été provoqués par les Belges , pour en punir les auteurs....