Extrait du journal
Le discours de M. Paul Deschanel s'est ter miné hier par un appel à la clarté : il en a mis beaucoup lui-même dans son langage, en même temps que de l'éloquence et du courage. Son discours est vraiment un acte, et c'est à ce point do vue-surtout qu'il.faut l'apprécier. Lorsque le bruit s'est répandu qu'il parlerait dans la discussion générale du budget, on s'est demandé quel serait le sens de ses paroles, et ùn lui a prêté les intentions les plus diffé rentes. D'après les uns, il devait se rappro cher de la majorité actuelle; et, d'après les autres, faire un effort pour dégager de la prodigieuse confusion où nous sommes une majorité nouvelle, qui serait également éloi gnée des partis extrêmes. C'est la seconde hypothèse qui était le plus près de la vérité, M. Deschanel a fait un tableau saisissant de là confusion des partis. Il en a reporté l'ori gine à la funeste affaire qui a si profondément troublé la conscience nationale, et qui a agi comme le plus actif des dissolvants. Le résultat a été un nouveau classement des partis, où, si on préfère, un déclassement des hommes poli tiques qui ressemble à une véritable anarchie morale. On ne comprendrait rien à la composi tion de la majorité, ni de la minorité, si on ne se rappelait comment elles se sont faites, et aussi comment elles se sont maintenues sous l'influence extrêmement énergique de deux ministères, celui d'hier et celui d'aujourd'hui beaucoup plus souejeux, l'un et l'autre de satis faire les passions déchaînées que de servir les intérêts permanents du pays. Ceux qui profitent de cette confusion font tous leurs efforts pour la faire durer; les autres, et M. Deschanel est du nombre, se demandent avec inquiétude combien de temps elle durera encore. Il a montré à quel point nous en souffrions. Désordre moral au dedans, impuissance et déconsidération au dehors, tel est le bilan de celte triste politi que, dont, le « bloc » se montre si fier, et qui est d'ailleurs la seule dont il soit capable. Mais où est le remède, et que faut-il faire pour sortir de l'état misérable où on nous a mis? C'est là qu'on attendait M. Deschanel. D'autres orateurs avant lui, après avoir décrit ce mal, avaient conclu qu'il fallait y rester, ou, 'du moins, leur conclusion avait été si incertaine . et si faible qu'il avait été impossible d'y aperce voir une direction quelconque dans un sens dé terminé. Avec M. Deschanel, c'est autre chose. Il a fait une charge à fond contre les socialistes. I dont la présence, dans la majorité gouverne /mentale, condamne la majorité à la violence et «le gouvernement à la pire des soumissions. Il 'fallait que cela fût dit. Depuis trop longtemps, ;nous ne l'avions pas entendu à la tribune, et «M. Deschanel a soulagé la conscience publique en le proclamant comme il l'a fait. Certes, ce n'est pas la première fois qu'on le .toit aux prises avec les socialistes. Il s'était .presque fait une spécialité, dans l'avant-dernière .Chambre, de combattre leurs doctrines ; et, à .la veille dos élections de 1898, il avait eu un si (grand succès, en réfutant M.Jaurès et M. De (ville, que son discours avait obtenu les hon neurs de l'affichage. Mais il ne s'agissait pas, 'hier, dos doctrines mêmes des socialistes, car ■ils sont les premiers à les atténuer ou à les laisser dormir pour rester au pouvoir; il s'agis-...
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
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