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Journal des débats politiques et littéraires, 21 janvier 1905

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Journal des débats politiques et littéraires
21 janvier 1905


Extrait du journal

Quoi qu'en disent les doctrinaires du Bloc, il y a deux majorités à la Chambre, l'une avec les socialistes et l'autre sans eux : on les a ap pelés quelquefois la majorité numéro 1 et la majorité numéro 2. Nous n'avons pas à faire la preuve de cette dualité : le gouvernement l'a faite lui-même à maintes reprises en s'appuyant tantôt sur uno majorité et tantôt sur l'autre, suivant les cas. Le concours désintéressé de la majorité à base libérale et modérée ne lui a pas manqué dans les circonstances où, par hasard, il avait raison ; malheureusement, elles ont toujours été et, dans ces derniers temps, elles sont devenues de plus en plus rares ; aussi le gouvernement de M. Combes avait-il fini par ne plus connaître, et surtout par ne plus reconnaître que la majorité à base socialisté. Il en était devenu le docile instru ment. Cette majorité avait peut-être les mérites surprenants qu'il lui attribue dans sa lettre à M. le Président de la République ; mais elle ressemble à la jument de Roland, qui possé dant aussi les plus brillantes qualités, n'avait d'autre défaut que d'être morte La lettre de M. Combes n'est pas autre chose "qu'une lettre de faire-part de son décès. M. Combes avoue lui-même qu'il a donné sa démission juste à temps pour n'être pas renversé. Il a eu raison de se hâter s'il voulait dicter des ordres au nom d'une majorité, si réduite fût-elle, puisque, quelques jours et peut être quelques heures plus tard, il n'aurait pu parler qu'au nom d'une minorité. Il l'aurait fait d'ailleurs tout aussi fièrement, car six voix de plus ou de-moins ne sauraient porter atteinte à sa naïve mais robuste infatuation. Sa lettre n'en est pas moins un dernier soupir, et c'est bien ainsi qu'on l'a prise. A s'en tenir au ton vainqueur du document, on pourrait croire que M. Combes est encore l'organe d'une majorité de cent voix. A. voir le fond des cho ses, il n'y a plus de majorité du tout, et les airs de matamore de M. Combes rappellent à s'y méprendre le procédé du capitaine d'aven ;ures qui disposait à gauche et à droite de la route des mannequins armés d'escopettes, pour épouvanter le voyageur et le soumettre à ses semmations. Le vrai est que la majorité nu méro 1 s'est émiettée, comme M. Combes l'a dit lui-même mélancoliquement ; mais il reste la seconde; elle est en partie composée de trou pes fraîches qui ne demandent qu'à marcher. Bien que vivante, elle fait moins de bruit que l'autre qui est morte. Le scandale du moment est l'insolence des prétentions affichées par les socialistes. Ils sont une petite minorité à la Chambre, et, si on avait su les mettre à leur place, les y retenir, les y contenir, leur part d'influence aurait été modeste ; il auraient pu être un embarras sans devenir un péril. La complaisance ou la lâcheté du gouvernement...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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