Extrait du journal

BJC débat continue. Le débat sur l'école se dé roule avec une ampleur magistrale. Ou y dit, d'ail leurs, de fort bonnes choses, dont le seul défaut "est de ne comporter aucune sanction pratique. M. Denys CoeliiD, par exemple, a montré excellemment à quel point l'éducateur doit se montrer prudent quand il s'adresse à des enfants dont le cerveau iqailéable et instinctivement, généralisateur .enregistre sans ré flexion ni méthode des propos parfois tenus en l'air. C'est un véritable abus de confiance que de semer des germes d'idées fausses ou simplement douteuses dans ces esprits confiants et désarmés. L'instituteur qui ne se surveille pas, qui parle sans réflexion, qui se laisse aller à des boutades plus ou moins spirituelles, manque à son devoir le plus essentiel. M. Cochiu doute que l'enseignement puisse être neutre, mais il lui demande au moins d'être sérieux : « On n'élève pas des enfants avec des enfantillages. » M. Cochin a parfaitement raison, tout en s'exagérant, à notre avis, la di fficulté de la neutralité dans l'enseigne ment primaire. Sur ce point, il faut rendre à M. Fer dinand' feaissdn cétle justice qu'il a uettèment'main tenu la nécessité de cette neutralité pour l'école pu blique. La formule dont il a usé pour définir les limites à ne pas franchir s'inspire d'une bonne inten tion : « Est matière d'enseignement primaire, tout ce qui.n'est contesté par aucun homme en son bon sens, n'est pas matière d'enseignement primaire ce qui soulève des contestations entre les hommes. » On -peut évidemment toujours trouver que ceux qui ne pensent comme vous ne sont pas daus leur « bon sens », et il arrive d'ailleurs, en temps de lutte, que le bon sens est souvent obscurci par la pas sion. Néanmoins, il y a un terrain commun sur lequel il est possible de se tenir à l'abri de tout re proche, même aux époques de crise, et la preuve c'est que beaucoup de manuels ont su s'y cantonner et qu'ils ne soulèvent aucune plainte. On perd vraiment le sens des réalités lorsqu'on nous parle en termes émus de la recherche de la vérité et des droits de la raison à l'école primaire. L'instituteur est, en pré sence d'un tâclie plus concrète et plus modeste. 11 n'est pas investi d'un sacerdoce social, 11 n'a pas charge d'âmes, et s'il rencontre des difficultés, c'est qu'il se forge des devoirs chimériques au lieu de faire tout bonnement son utile métier....