Extrait du journal

| rait à prendre place dans une tribune ; il méprise l'éloquence ou plutôt il l'ignore. Dans les grandes séances, c'est tout au plus s'il daigne jeter un rapide coup d'œil sur certain tableau où les .garçons de la Chambre affichent, avec un zélé inter mittent, le compte rendu excessivement sommaire des débats législatifs. Lorsqu'il a parcouru ces petits carrés de papier et lu trois lignes d'un discours, sa curiosité se.tient pour satisfaite. S'il vient au Palais-Bourbon, ce n'est pas pour entendre parler ; c'est pour y faire, avec quelques amis, un bout de causette, pour se livrer, dans ce lieu d'a sile bien chauffé, à cette promenade hygié nique'recommandée par Raspail. Pour lui la salle des Pas-Perdus est un li.eii de dé lices, en dépit de ses courants d'air, du coryza et des fluxions de poitrine. Lorsque la Chambre lui manque, tout manque à cet inoffensif maniaque; un jour de congé l'exaspère et il languit pen dant les vacances. Ne sachant plus que faire pendant cet exil, il erre, au fort de la canicule, autour de cet Eden, sous le soleil brûlant etjette à travers les grilles un. long regard sur le parloir désert. À son gré, nos honorables ne reviennent jamais, assez vite et, lorsque les feuilles commencent à jaunir, il s'impatiente, il envoie de petites notes aux journaux de l'Extrômè-Gauche pour protester contre ce long chômage et demande à grands cris que la Chambre siège au plus vite, pour. siéger lui-même dans lés couloirs, pour respirer l'air législatif, se replonger dans l'atmosphère politique et bavarder avec quelques camarades. Partout ailleurs, il s'ennuie, il languit comme un poisson sur la paille. C'est si amusant cet éternel commérage et c'est si bon cette cigarette fumée au pied du Laocoon\ On ne fume bien, on ne bavarde bien que là....