Extrait du journal
notre cabinet, le soir, quand tout fait silence, excepté le bon feu qui pétille, qu'au dramaturge qui spécule misérablement sur l'étonnement de notre esprit et sur les nerfs de notre corps? Mais cela est ainsi : la critique appartient au théâtre qui s'en plaint, l'ingrat qu'il est, pendant que la littérature proprement dite se morfond et soupire à la porte du feuilleton, qui lui est fermée ! Le premier livre dont j'ai souvenance et que je serais désolé de ne pas recommander comme il mérite de l'être, c'est un roman très attachant et très simple de M. Ernest Després, les Femmes Vengées. L'auteur de ee roman, qui est un roman par lettres, se sera dit â lui-même -Je veux faire un roman qui ne ressemble à aucun livre moderne; je veux qu'il soit très simple, très simplement écrit, honnête et calme, et d'un inté rêt naïf et doux. Pas d'événemens contrenature, pas desentimens forcés, rien d'extraordinaire dans les faits, rien de forcené dans l'expression. Je veux surtout que les femmes, ces pauvres femmes tant calomniées dans les livres et sur le théâtre, et qu'on prendrait pour autant de furies sans règle et sans frein, jouent dans mon roman le seul rôle qui convienne aux femmes, le rôle secondaire, le rôle passif; je les veux montrer telles qu'elles sont le plus souvent, cachées dans leur ménage, simples mères de famille, honnêtes bourgeoises que la médiocrité protège de son man teau de couleur sombre; je veux que la mère soit tout simplement une mire, je veux que la jeune fille soit jolie sans excès, aimable sans excès, réservée, décente, pudique ignorante sur tout ce qu'elle ne doit pas sa voir. Voilà certainement le plan que se sera tracé à lui-même le jeune au téur des Femmes Vengées, et il a fait un livre comme il s'était promis de le faire. Il a été aussi bourgeois dans ce livre que peut l'être un hon nête bourgeois de l'Auvergne, abrité par ses belles montagnes. Il a ima giné la fable la ptus simple: une jeune fille qui aime une manière de phi losophe, un jeune homme pédant mais honnête, savant mais insup portable. La pauvre enfant se voit donc aux prises avec son consin qui lui fait peur et qui l'aimé cependant de tonte son âme. 11 n'y a que cela dans ce livre ; mais avec ce peu de faits l'auteur a montré quel parti on peut tirer de la fable la plus vulgaire, quand on sait penser et bien écrire. Des descriptions bien faites, des. staliniens finement exprimés et finement...
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
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