Extrait du journal
» de donner dans le travers. Par ces observations fréquemment répétées, » l'élève, en s'habituant à exercer t'oreille par la vue, se formera pro » gressivement le style, le sentiment et le goût. » Peut-être vaudrait-il mieux que l'élève pût s'exercer l'oreille par l'oreille ; que M. Cherubini nous pardonne d'émettre cette opinion, mais, on ne saurait, ce me semble, disconvenir que la musique n'est pas faite pour les yeux. C'est à cette malheureuse idée, répandue de tout temps dans les écoles, qu'il faut reporter les graves erreurs qui signalent les premières compositions des jeunes harmonistes. Telle messe est réputée admirablement écrite par le maître ou les condisciples de l'auteur, qui à l'exécution n'offre qu'un tissu de notes, dépourvu non-seulement de chaleur et de vie., mais môme d'une inten tion appréciable ou d'un charme quelconque. On trouvera peut-être aussi que M. Chérubini, en déclarant que la fugue est le fondement de composition, accorde à cette forme musicale une importance bien grande, et fait en même temps le procès à une foule d ; compositeurs justement célèbres, qui croyaient bien savoir faire la fugue, mais en réalité n'avaient d'autre raison pour le croire qu'une visite faite au père Martini, et leur réception parmi lés philarmoniques de Bologne. « Le » jeune compositeur, 'ajoute M. Chérubini, qui aura suivi avec soin les » instructions contenues dans ce cours d'études, une fois parvenu à la » fugue, n'aura plus besoin de leçons, il pourra écrire avec pureté » dans tous les styles, et il lui sera facile, en étudiant les formes des » 'différons genres de composition, d'exprimer convenablement ses pen » sées et de produire l'effet qu'il désire. » Si l'élève, une fois parvenu à la fugue, n'a plus besoin de leçons, il est étrange qu'il lui faille cepen dant encore étudier les formes des différons genres de composition aux quels il veut s'appliquer. Mais c'est ce que la haute raison de M. Cheru bini n'admet pas intérieurement -, la contradiction qu'on remarque entre la fiu et le commencement de sa phrase le'prouve avec évidence. Com ment en effet la fugue formera-t-e!le le goût mélodique du compositeur (car je ne puis croire qu'on veuille nous donner le style fugué pour de la mélodie)? comment lui apprendra-l-elle l'instrumentation, l'application de la musique au drame, à l'expression des passions, et les diverses exigences du genre théâtral ? L'art de la fugue est un moyen que tont musicien habile doit avoir à ses ordres, mais ce moyen n'est pas le seul, M. Cherubini lui-même est loin de le penser. Nous dirons également, à propos des règles de détail, que l'auteur du Traité de Contrepoint est d'une sévérité bien grande, quand il in-...
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
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