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Journal des débats politiques et littéraires, 22 juillet 1830

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Journal des débats politiques et littéraires
22 juillet 1830


Extrait du journal

cipe qu'un fonctionnaire doit perdre sa place ou voter, pour le candidat ministériel, vous violez la liberté des élections. Et si l'on introduisait dans les collèges électoraux de faux électeurs ? Et si l'on glissait dans l'urne de faux bulletins'? Si cela venait q» être prouvé? Oh! alors il y aurait vraiment des élections viciées, dans leur principe même. Nous verrons bientôt, il faut l'qspé- ' rer, de quel côté s'est trouvée la fraude. Quant à la violence , on sait déjà de quel côté elle est : l'émeute de Montauban en fait foi. Et ce sont les gens qui ont publiquement menacé les électeurs fonctionnaires de destitutions ! ce sont les gens qui ont couvert la France de circulaires, de mandemens, de proclamations où l'ou trage contre les royalistes-constitutionnels est poussé jusqu'à son dernier terme ; ce sont les gens qui comparent les députés de la France aux pirates d'Alger, ou aux plus stupides , aux plus féroces démagogues de 95; ce sont eux qui viennent se plaindre aujour d'hui des manœuvres employées pour corrompre les élections ! Cela est trop fort ! On ne se joue pas , à ce point, du bon sens de tout un peuple ! Faites écrire vos directeurs-généraux , haran guer vos préfets , prêcher vos missionnaires, remuez le ciel et la terre ; mais ayez au moins la pudeur de ne pas accuser les autres des intrigues dont vous seuls êtes coupables ! Notez encore qu'on n'a pas un nom, un seul nom à citer pour donner quelque vraisemblance à ces belles fables. C'est un méde cin, c'est un électeur. Mais quel médecin? quel électeur? Le nom reste en blanc. Cela est commode : on s épargne un démenti. Allez donc chercher quel est le malade qui a pris l'émétique le jour des élections, quel est le médecin qui l'a ordonné ! Informez vous si le malade était ministériel, le médecin constitutionnel ; si le médicament a été administré à tort ou à raison ! Découvrez, si vous le pouvez, les noms de ces jeunes gens qui allaient par courant la campagne et annonçant le prochain rétablissement de la conscription ! Consultez les registres de l'état civil, pour sup puter le nombre effrayant des mariages pvéoiaefi eue cette nou velle a.fait subitement contracter aux bons habitans de la cam pagne ! Mais ceux qui débitent sérieusement ces histoires pour dévoiler la grande conspiration électorale des constitutionnels , en savent apparemment plus que nous ? Voyons. Dites les com mîmes où ces mariages ont été contractés ; quel es! le maire qui en a reçu l'acte ; quel est le prêtre qui les a bénis. Ne rougissez vous pas de vous rendre ridicules à ce point aux yeux de toute la France ! Lorsque nous accusons , nous, nous nommons .' Le président dun collège nous paraît avoir dépassé, dans son discours , les bornes de la modération? Nous nommons M. le duc de Damas. Son discours est la. Chacun peut le lire , et juger si nous avons tort ou raison. Des prélats , respectables d'ailleurs , se laissent entraîner par un zèle qui n'est pas selon la science, et trans forment la chaire de Jésus-Christ en tribune politique? Nous nommons M. 1 évêque de Meaux , aujourd'hui archevêque de Toulouse, et M. 1 archevêque cl' Allai. Leurs mandemens sont imprimés. C est au public à voir s'ils respirent on esprit de paix et de charité. Il suffit de les lire. Nous disons qu'on a mis les fonctionnaires entre la nécessité de perdre leurs places, ou la né cessité de voter contre leur conscience? C'est un fait connu de toute la France. Mille circulaires , plus menaçantes les unes qua les autres , 1 attestent. Nous parlons de tentatives d'assassinat di rigées par quelques fanatiques contre un loyal député, contre un bon serviteur du Roi ? La population de Montauban , qui a vu avec horreur le sang d'un de ses plus nobles citoyens prêt à couler, ne nous démentira pas. Si jamais nous avons à dévoiler quelques fraudes , quelques substitutions de bulletins , nous nom merons , soyez-en sûrs ! La France connaîtra -les coupables et prononcera entre eux et nous! Faites de même, si vous le pou vez ! Nommez, ou permettez-nous de rire de vos pitoyables contes ! Vous-mêmes qui les débitez vous n'y croyez pas! Non, vous ne croyez pas que la France ait voté sans savoir ce qu'elle faisait. L opinion publique est trop éclatante pour qu'il soit possible de ne pas l'entendre. Avec de fausses nouvelles, en semant l'alarme , on peut gagner, à la rigueur, quelques voix dans quelques col lèges. On ne trompe pas soixante mille électeurs. Songez à quelles majorités ont été nommés les députés de l'Opposition ! Combien ils ont encore obtenu de voix dans le lieu même où ils ont suc combé! Et, la main sur la conscience, dites si ce n'est pas la France qui a parlé ! L'illusion que vous cherchez à faire aux autres, vous ne l'avez pas. Cela est si vrai que de nouveau vous faites appel a la force, et qu'au moment même où vous souteniez que les élections ne signifiaient rien et que la France était pour vous, vous écriviez ces lignes coupables : « Les libéraux s'occupent a de l'armée en attendant Cjue l'armée s'occupe d'eux. » C est là le dernier rêve du ministère. Il se figure qu'il n'aura qu un mot à dire pour disposer de deux cent mille baïonnettes....

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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