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Journal des débats politiques et littéraires, 23 juillet 1830

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Journal des débats politiques et littéraires
23 juillet 1830


Extrait du journal

Saint-Cloud, 22 juillet. Aujourd'hui, M. le Dauphin est parti à sept heures du matin pour Rambouillet. .S ' Le Roi, après la inesse, a reçu en audience particulière M. le mar quis de Villeneuve, préfet de" la Corèze; M. le comte Claparède pair de France; M. le baron de Talleyrand, préfet de la brome; M. le comte d'Andigné, pair de France ; M. le baron Vitrolles; M. lé vicomte de Bonnemaiiis ;M. le comte Potoclci, grand-maître des' cé rémonies de Russie. PARIS , 22 juillet. Nous avons dit à propos de la guerre d'Alger qu'il faudrait rechercher comment se sont faites les dépenses de cette guerre , comment elles ont été dispensées d'autorisation, comment le con trôle des Chambres a été éludé ; nous avons dit que les ministres auraient à répondre sur toutes ces questions devant les pairs et les députés de France, et que si, pour toute réponse , le ministère offrait de monter au Capitale, personne ne l'y suivrait, ce qui contrarierait beaucoup nos Scipions. A tout cela que nous fait ré pondre le ministère? Que nous ne sommes pas Français.' Nous ne sommes pas Français! Il faut s'entendre : nous sommes de cette France de bon sens, qui aime la gloire; mais qui aime aussi les lois, qui ne se paie point de phrases guerrières quand il s'agit d'une question de droit, qui met chaque chose à sa place, qui veut savoir , après comme avant une victoire, si l'art. 152 de la loi des finances de 1817 a été observé dans son texte et dans son esprit. Voilà la France dont nous sommes. Ce n'est pas celle du ministère, je le crois aisément : celle-là ne s'inquiète ni des lois, ni de droit; imprégnée du vieil esprit bonapartiste, elle prend les parades pour des argumens ; cette France là encore un coup n'est point la nôtre. Après ce grand mot : Fous n'êtes point Français ! après cette terrible apostrophe de quelque Demosthène vaudevilliste, qui délaie ses couplets en philippiques, les gens du ministère se ■mettent à discuter; ils ont deux argumens : un argument à l'usage des âmes sensibles, un argument à l'usage des politiques et des jurisconsultes. Commençons par la sensibilité. Nous demandons la tête des ministres ! La tête des ministres ! Ah ! que jamais par nous un cheveu ne tombe de leur têto, que jamais une goutte de sang ne coule de leur corps ! Malheur à qui ensanglanterait la politique ! Non ! point de sanguinaires rancunes. Mais une recherche im partiale et juste , mais une réparation proportionnée au tort. Nous n'oublierons point la victoire d'Alger ; nous n'oublierons point que M. de Bourmont a mérité d'être réconcilié avec la France. Que tout soit aboli au nom de cette gloire récente , tout, excepté le respect qui se doit à la loi. Tout ce qui fut douleur et amertume, nous pouvons le sacri ier; mais l'affermissement et le maintien de nos lois, nous ne le pouvons pas. M. de Bourmont a clignement rempli la mission que le Roi lui avait confiée; il a fait plus que verser son sang pour la France ; il a vu couler celui de ses fils, et c'est ce sang généreux, c'est cette héroïque suppli cation de la piété filiale qui doit anéantir toute mémoire du passé, excepté la mémoire des lois qui demande une réparation si elles ont été méconnues. Or, c'est là toute la question : l'objet et les dépenses de cette guerre ont-ils été soustraits au contrôle des Chambres, contre l'esprit de notre gouvernement, contre l'usage constant en pareil cas ? En 1 825, quand la guerre d'Espagne fut résolue ,M. de Vil lèle demanda aux Chambres un crédit de 100 millions. A l'occa sion de ce crédit, l'objet de la guerre fut examiné dans les deux Chambres. En 1 828 , quand l'expédition de Grèce fut résolue , un crédit de 80 millions fut demandé aux Chambres par M. Roy, et la dis cussion s'engagea sur l'objet de cette expédition. t Ainsi, dans les deux seules guerres que nous ayons eues depuis la Restauration , toujours les Chambres out été consultées sur l'objet de la guerre, toujours les dépenses ont été autorisées en tout ou en partie. Qu'a fait au contraire le ministère de 1 829? Il a cherché à sous traire au contrôle des Chambres la question de la guerre; il en a fait les dépenses sans autorisation ; il s'est écarté des précédens constitutionnels des deux derniers ministères. C'est ici que nos adversaires placent leurs argumens politiques : Un argument de droit : Le Roi, disent-ils, a le droit de faire à sa guise la paix et la guerre ; les Chambres n'ont rien à faire dans de pareilles affaires. Un argument de fait : _ Ea Chambre'ayant refusé sons concours , il a bien fallu se passer d'elle. Quant a 1 argument de droit; quant à l'exercice de la paix et de la guerre, au lieu rie discuter, nous-mêmes cette question* nous...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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