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Journal des débats politiques et littéraires, 22 septembre 1923

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Journal des débats politiques et littéraires
22 septembre 1923


Extrait du journal

Le théâtre de plein air de Marseille Quand vient l'été, la? Provence est tout entière eh proie à la tragédie. Deux ou trois blocs de pierre au bout d'un pré, quel ques débris de gradins sur le flanc d'une colline suffisent, pour peu qu'on y mette de la bonne volonté, à constituer un « théâtre de la nature » ou un « théâtre antique », et c'est ainsi que les popula tions de nombreuses villes méridionales ont appris, grâce à des artistes de pas sage, les malheurs des Atrides ou de ces autres familles grecques qui ont tant fait parler d'elles autrefois. Or, depuis cette année, un nouveau théâtre de plein air se dresse ou plutôt se développe sous le ciel provençal, aux portes de Marseille; mais c'est un véritable th'éâtre, celui-là, et qui mérite d'être connu de tous les amateurs d'art dramatique : c'est le Théâtre Silvain. Honoré du parrainage du doyen de la Comédie-Française, qui a son bastidon à deux pas de ce temple de l'art tragique, il a été inauguré par M. Léon Bérard le 14 juillet, et, depuis cette date, jusqu'à celle du 15 septembre, trente-cinq repré sentations ont été données sur cette scène à ciel ouvert sans qu'on ait du en ren voyer une seule à cause du temps; car telle est la clémence du ciel provençal. Et ce résultat de la première saison a justement récompensé l'esprit d'initiative et la générosité du. mécène marseillais qui a fait construire le théâtre, M. Dominique Piazza. Suivant l'exemple de ces grands arma teurs d'Athènes qui ont doté leur ville natale de musées, de stades ou d'établis sements d'instruction, ce négociant mar seillais, bien connu déjà pour ses fon dations philanthropiques, a voulu donner à toutes les classes sociales des spectacles nobles et vraiment artistiques, et c'est pourquoi il a bâti à grands frais le Théâtre Silvain. Le nouveau théâtre est situé sur la Corniche, à cent mètres du pont de la Fausse-Monnaie. Les travaux, commencés en janvier dernier sur les plans de M. Jean Boët, architecte, 'ont complètement transformé le Vallon du Silence. L'am phithéâtre est construit à la romaine, avec six portes de sortie, et de fortes différences de niveau d'un gradin à l'autre, en sorte que tous les spectateurs voient parfaite ment le spectacle. L'axe de l'amphithéâtre, du proscœnium à l'entrée centrale, est un peu plus gfcmd que celui du Théâtre an tique d'Orange. Les gradins, construits en béton armé, supportent 3.000 chaises et des bancs, de bois pour 2.000 spectateurs. Les places les plus chères sont à 15 francs, les moins chères à 3 francs, sans aucun i droit supplémentaire, et les spectateurs à , 3 francs n'ont rien à envier aux autres. Quant à la scène, elle mesure 30 mètres de largeur sur 60 de profondeur, et s'étend devant une paroi rocheuse qui contribue sans aucun doute à donner au théâtre une acoustique incomparable. La plupart des pièces sont représentées dans le décor naturel, formé de roches et de pins para sols; pour les tragédies et le répertoire classique, les machinistes montent Un tem ple à six colonnes, qui a été dessiné...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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