Extrait du journal

On n'en sortira pas par effraction. On essayera de gagner du temps, de gâcher les dernières cartouches en efforts im puissants pour résister à l'évidence. Tout cela est vain, et ne sera pas inoffensif. La seule amélioration possible est celle dont on ne veut pas pas encore en tendre parler : un abaissement des prix stimulant, ou plus simplement permettant, la consommation. Le bon public payant n'y comprend plus rien. Les mercuriales mondiales accusent une baisse de tous les objets de première nécessité. Nous avons trop de tout, tout est tombé à • vil prix? Il n'y a plus qu'à jeter ,1e café à la mer, à brûler le blé, à arracher 'le coton, à laisser le sucre fondre à la pluie, à tancer les autos'dans les fossés,à faire Un auto dafé de caoutchouc, à noyer les .mines dé cuivre et les gisements de pétrole. Mais si tout cela est à vil prix dans les statisy tiques et les bilans déposés, tout n'en fè?«pas moins aussi cher, paraît même un peu plus cher, dans la boutique où entre le client alléché.. Il y a là un phénomène dont nous n'ignorons pas tout ce qu'on peut dire, mais dont le public ne prend pas son parti. Il en résulte le ralentissement général des affaires dont lté chômage est la conséquence inévitable et progressive. Les pays qui avaient érigé l'imprévoyance en vertu sociale et ciyique sont forcés de revenir à des vertus plus modestes, plus bourgeoises, plus démodées ; ceux, comme le nôtre, qui avaient mieux résisté a là tentajiqn de ne se rien refuser, n'ont vrai ment pas de raison aujourd'hui pour changer de-méthode. Dans une de ses lettres au Kaiser, le chancelier de Bùlow écrit dédaigneusement : « Les peuples ne jugent que sur les apparences. » C'est pourquoi on ne nous pardonne pas de vouloir nous en tenir aux réalités. Les cho ses voient, .dit M. Estaunié. Et. elles se vengent de ceux qui ne les voient pas. A. ALBERT-PETIT....