Extrait du journal

Les affaires de Corée Depuis deux ou trois jours, la question de Corée traverse une phase des .plus cri tiques; nos dépêches de ce matin en font foi. Pour en avoir l'explication, il con vient de revenir un peu arrière. La Corée est pays vassal de la Chine. Bien que le Japon conteste la suzeraineté chinoise, celle-ci n'en existe pas moins de fait. Tout dernièrement, une révolte a éclaté en Corée. Le roi de l'impossibilité de lutter contre les re belles, a fait appel à la Chine. Celle-ci a envoyé des troupes en Corée, et le Japon a fait comme elle, ainsi que cela s'était fait déjà il y a quelques années. La révolte étouffée, le Ja pon, dont les intérêts, commerciaux et autres, en Corée sont très considéra bles, a alors demandé à la Chine de l'ai der à faire introduire dans le gouverne ment et l'administration de la Corée des réformes urgentes. A cotte demande du Japon, la Chine a répondu qu'il est con traire à ses traditions d'intervenir dans les affaires intérieures des pays vassaux et a refusé d'agir ; en même temps, elle faisait comprendre au Japon que le mo ment était venu de s'en aller. Au lieu d'évacuer, le Japon a envoyé de nouvelles troupes en Corée, et la Chine,revenant alors sur sa première détermination, a déclaré qu'elle serait disposée à étudier la question de la réforme administrative de la Corée avec le Japon, à la condition que celui-ci reconnût la suzeraineté de la Chine sur le royaume de Corée et évacuât le pays. Sur ces entrefaites le Japon, dont l'atti tude a tout au long été très décidée et même agressive, dit très nettement qu'il fallait discuter la question des réformes avant de parler d'évacuation. De son côté, la Chine répondit qu'il fallait évacuer tout d'abord et que l'on discuterait la question des réformes ensuite. C'était une impasse. C'est alors que, tout récemment, l'Angleterre, qui a fait les plus louables efforts pour amener une entente entre le Japon et la Chine, fi tune nouvelle tentative (il y a de cela une se maine tout au plus). Elle proposa un moyen terme, de nature à donner satis faction à la fois à la Chine et au Japon et à ménager l'amour-propre des deux pays. La Chine et le Japon retireraient leurs troupes de certains points qu'elles occu pent actuellement; les unes s'en iraient à droite, les autres à gauche et l'on se réu nirait sur un troisième point pour dis cuter. Cette proposition a-t-elle été acceptée ? Il est peu probable que la Chine l'ait re poussée ; il est moins sûr que le Japon l'ait accueillie avec faveur. S'il en est ainsi, il y a lieu de craindre que les Chi nois et les Japonais ne soient bientôt en conflit. Que la proposition de la tierce puissance soit acceptée ou non, il est une chose certaine, c'est que laquestion de Co rée est à la veille d'entrer dans une phase nouvelle, pacifique ou autre. Mais, pour comprendre les événements imminents,...