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Journal des débats politiques et littéraires, 23 mai 1829

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Journal des débats politiques et littéraires
23 mai 1829


Extrait du journal

Saint-Cloud , 22 mai. Le Roi a signé aujsurd'hui ,'au petit lever, le contrat de mariage de M. le vicomte de Gomberghe avec M"'de Cessac ,et celui de M. le vicomte Frigaut de Beaumont,- garde-du-corps avec M"' Zéuobie de Ghalabre. Le Roi a reçu eu audience particulière M. le marquis de Castel lane, pair de France, et M. le comte Molé, pair de France. PARIS, 22 mai. Q /A l'occasion d'un procès qui s'est élevé entre deux journaux dont l'un accusait l'autre de calomnies et d'injures personnelles , de singulières doctrines ont c'té émises sur la liberté de la presse! Il semblerait, à entendre certaines gens , que, parce qu'on aurait pris la défense de celle liberté, la preniière'et là plus vitale de toutes nos garanties ~ on se serait en quelque sorte inis soi-même hors la loi. Plus de recours aux tribunaux centre l'insulte et la diffamation! Plus de voie possible pour obtenir une réparation légale! De quoi vous plaignez-vous ? Ou va chercher je ne sais quels actes de voire vie privée pour les défigurer sans pudeur et en faire des crimes; on vous charge de vols et de bassesses; eh bien! tant pis. Souffrez sans'fh^dire.JVavez-vous pas voulu que la presse fût libre? Libre, oui! mais sou; la surveillance des magistrats, chargés d'en réprimer les abus , mais sauf l'action des citoyens, blesse's dans leur honneur. Libre, oui! mais pour servir d'organe à toutes les opinions et à tous les intérêts, pour exercer un juste contrôle sur les actes du pouvoir, pour éclairer la conscience publique, et non pour aller troubler la viè privée dans l'inviolable asile que lui assure la loi! Jamais cette limite ne do.it être iinpunémen! franchie. On sait ce qu'il faut accorder d'indulgence à la chaleur de nos discussions.quotidiennes. De doctrine à doctrine l'injure se tolère ; il est sage , en tout cas , de ia mépriser. Qu'on m'accuse d'athéisme parce que je refuse de m'abaisser devant la suprématie temporelle du trône papal, d'impiété parce que je trouve mau vais qu'au mépris de nos lois un Ordre de moines se glisse des sacristies jusque dans les conseils de la haute administration; qu'on nie signale comme un vieux jacobin , gardant dans quelque coin, pour m'en servir au grand jour de la révolution prochaine, un bonnet rouge et une pique, parce que je parle avec respect de laCharte et des libertés que nous tenons de nos princes, que m'im porte? Ce soiitlàde ces injures qui 11e s'adressent pas à l'homme, mais à ses opinions et à ses paroles. Ses paroles et ses opinions répondent pour lui. Le public juge et fait droit à chacun. Li berté donc, liberté picnière sur biplace publique. Mais ne nie suivez pas jusques dans 111 a maison; ne venez pas in'épier auprès du foyer domestique ; attaquez le ministre , le député , l'avocat, respectez l'homme privé , sinon, je vous poursuivrai devant les tribunaux et, en le faisant, je servirai encore la liberté qui est là pour la défense, comme elle est là-pour l'attaque. Qu'oïl le remarque bien. D'où vient l'espèce de terreur qu'ins pire encore à quelques hommes honnêtes la liberté de la presse? Bourquui ont-ils tant de peine à se défaire d'un reste de vieux préjugés contre elle? Que lui reprochent-ils? D'inquiéter l'admi nistration? D'ouvrir une lice où se livrent, chaque matin, de furieux combats qui ne font de mal qu'aux portefeuilles et aux sinécures? De permeltre à ceux qui souffrent de se plaindre, à ceux qui paient de s'enquérir où vu leur argent? Non, sans doute. Mais comment, disent-ils , dormir tranquille lorsque le matin on peut voir ses moindres actions de la veille envenimées par la calomnie ? Pourquoi faut-il que le repos des familles soit aban donné au dernier des scribes? Qu'importe au public l'emploi que je fais de ma fortune, ou le gendre auquel il me convient de don ner ma fille? De quel droit ira-t-on scruter cinquante ans d'une vie honorable pour y découvrir quelque chose qui puisse servir de prétexte à d'odieuses interprétations? Quand s'éteindront nos vieilles haines, si la malveillance ne se lasse pas de répéter ce qui a été démontré faux dans un autre siècle; si, tout couvert de cheveux blancs, il faut encore se laisser traduire devant, un tribu nal qui n'a pas vécu avec ceux qu'il pre'tend juger? Ne serait-il...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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