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Journal des débats politiques et littéraires, 24 avril 1939

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Journal des débats politiques et littéraires
24 avril 1939


Extrait du journal

Inutile de gémir en l'air sur la désertion des campagnes. Le Congrès de la Jeunesse agricole catholique n'a pas été une lamen tation. Il prétend, au contraire, inaugurer une résurrection, et c'est un spectacle de vie joyeuse et constructive qu'a donné cette réu nion de 25.000 jeunes gens, qui sont des ru raux authentiques, des travailleurs du sol, fidèles aux vieilles traditions et croyances de la terre française. Les passants les moins observateurs ont remarqué dans nos rues ces groupes, dont la curiosité intelligente et grave contrastait avec la banale indifférence qui caractérise trop souvent certaines caravanes touristiques. Ces robustes terriens ne sont pas terre à terre. Ils ont conscience de ce l'qui est noble et beau et ne s'en laissent pas imposer par le clinquant et le snobisme. Que sont-ils venus faire à Paris ? Ils sont venus y faire un double acte de foi, dont le cardinal Gexlier, dans l'émouvante allocution qu'il a prononcée à la messe impressionnante du Parc des Sports, a résumé d'un mot la double portée : « La patrie vous salue, l'Eglise vous bénit. » L'œuvre de relèvement moral et social dont tout le monde proclame la nécessité ne peut se dresser dans le vide. ■« Qu'aucune terre ne reste en friche, que tous les champs reçoivent leur semence », a dit le primat des Gaules. Dans son esprit et dans celui de ses auditeurs le sol à cul tiver n'est pas seulement celui qu'on laboure, la semence à répandre ne s'adresse pas qu'aux champs de la ferme. La terre ne meurt pas seulement parce qu'on la laisse en friche, elle meurt surtout quand l'âme de celui qui devait la faire vivre s'est écartée d'elle. C'est pourquoi toutes les mesures maté rielles prises pour favoriser le retour, ou tout au moins l'attachement à la terre, sont excellentes, mais atteindront difficilement et médiocrement leur but si elles ne s'accom pagnent d'un relèvement spirituel. La jeu nesse « jaciste », pour employer le vocable commode des J. A. C., ne vit pas dans les nuages. Elle sait fojt bien que l'ouvrier du sillon a droit aux mêmes égards, aux mêmes encouragements, à la même dignité et facilité de vie que celui de l'usine. L'habitant du village, comme celui de la ville, vit de pain, mais le pain ne paraît jamais assez beurré à qui ne songe qu'aux appétits du corps. La paysannerie rajeunie qui monte à l'horizon est une des forces les plus saines qu'on puisse souhaiter à un pays quelcon que et spécialement au nôtre. Elle ne mécon naît ni ne dédaigne aucune des découvertes modernes qui ont rendu moins âpre et moins fermée la vie rurale. Elle en réclame sa part, mais n'ignore pas et tient à le proclamer, que « l'homme ne vit pas seulement de pain ». A. AIBERT-PETIT....

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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