Extrait du journal

i appelle aux colonies le tour de l'lnspection. Comme les provinciaux sur le cours, ils vont chercher un peu de fraîcheur au Bois. Et l'on a cette surprise de trouver, le 20 août, l'allée des Aca'ciaspleine de monde, gens connus, diplomates, femmes élé gantes. Mais quel aspect singulier ! Parfois l'on voit fuir, seule dans la lon gue perspective, une auto qui a échappé à la réquisition; presque toujours elle appar tient à un étranger, car il y a encore des étrangers et en assez grand nombre. On se promène, comme c'est la règle de l'après midi,'sur le trottoir droit, et on rencontre des jeunes gens aux cheveux noirs. Un peu plus loin un couple pauvre, blond, camus, avec des faces rondes, parle un langage chantant et sourd : des Russes demeurés ici. On croise toutes sortes de gens : celui ci, qui est tout seul et si sagement assis sur sa chaise, c'est un millionnaire qui a son hôtel dans la plaine Monceau. Tout à coup, au bout de l'horizon, un vieux fiacre s'en vient roulant, mené par un vieux cocher à dos rond. Deux jeunes femmes, qui ont des robes à carreaux, sont assises sur. les coussins déteints, et font voir cette aisance gracieuse et assurée qu'elles mettent à paraître quand elles ont leur limousine neuve. On se dit : « Je les ai vues. » Sans doute. L'une d'elles jouait au Bouffes, cet hiver. Ce trottin, qui a une blouse blanche et une robe lie de vin et qui file à bicyclette, est une des actrices les plus connues. Elle Ta jusqu'à la Cascade, elle revient, elle se donne l'illusion d'une promenade. Etrange jeu des effets et des causes.. Voilà la bicy clette réhabilitée par la guerre. Et l'on voit des hommes passer en pédalant, tandis qu'une jeune femme est assise sur le gui don. Que voulez-vous? Dans ce temps, si l'on veut offrir la promenade, il faut être soi-même le mécanicien et le moteur. Mais, la galanterie ne perd pas ses droits pour si peu. r— Y....