Extrait du journal
Madrid, 17 février. CHAMBRE DES DÉPDTÉS. Séance du 17 février. M. LE MINISTRE DES FINANCES lit un projet de loi, dont l'article unique est ainsi conçu : « Les biens du clergé séculier qui restent à vendre, » et dont la vente a été suspendue par ordonnance » royale du 26 juillet 1844, retourneront au clergé. » Le projet est renvoyé aux bureaux. M. GARCIA CARRASCO adresse une interpellation au gouvernement. L'orateur avait l'intention de diviser cette interpellation en deux parties : 1* première sur la question de Rome, question qui est tranchée par la présentation du projet de loi dont le ministre vient de donner lecture, et contre lequel l'orateur votera. La deuxième partie est relative aux écrits qui ont été publiés, et aux sermons prononcés dans plusieurs églises contre les acquéreurs de biens nationaux, et même contre les institutions. M. LE MINISTRE DE LA JUSTICE dit qu'il est prêt à ré pondre.» • ' . » ' " > v. M. GARCIA CARRASCO continue. Il exprime les craintes qui se sont emparées des libéraux en voyant la mar che suivie par le gouvernement, ce qui, à leur sens, annonce une réaction aussi terrible que celle de 1823, si ce n'est une révolution. Il voudrait savoir quelles sont les mesures prises par le gouvernement pour châtier et empêcher à l'avenir de semblables écrits, et il demande si le gouvernement est prêt A soutenir les acquéreurs de biens nationaux. M. LE PRÉSIDENT DU CONSEIL remercie M. Carrasco de lui fournir l'occasion de donner des explications plus explicites, et qui suffiront sans doute à rassurer tous Geux qui ont pu concevoir quelques alarmes. Le gouvernement est résolu à mettre à exécution jus qu'au bout le programme qu'il a présenté aux Cortès et à la nation, et à concilier les intérêts anciens avec ceux que la révolution a créés. Il connaît les écueils semés sur sa route, mais il tâchera de les éviter tous. Nous marchons, dit le ministre, entre deux dangers opposés, la réaction et la révolution; le gouvernement ne tombera ni dans l'un ni dans l'autre de ces excès. (Bien ! bien !) Le ministère continuera à marcher dans la même voie tant que S. M. ne lui retirera pas sa confiance, et que les Cortès ne lui refuseront pas leurs votes. Tous les ministres sont d'accord dans leurs opi nions et unis par la plus étroite amitié ; c'est pour eux une question de point d'honneur de ne se retirer que tous ensemble et pour la même cause. Le ministère compte toujours sur la confiance de S. M., puisque toutes les mesures qui ont été proposées à la Reine par ses conseillers actuels ont obtenu son approbation. Quant aux Cortès, le ministère est très reconnaissant de l'appui qu'il a prêté aux ministres. Leur pro gramme est : La Reine, l'ordre public cl la liberté. (Mar ques d'approbation.) Le gouvernement compte sur la fidélité de l'armée ; il connaît les menées des ennemis du repos public, et il les surveille. Quant aux sermons dont a parlé M. Carrasco, le gouvernement ne sait jusqu'à quel point il faut croire à ce qui a été dit à ce sujet, car les plus exactes informations n'ont pu faire obtenir aucun éclaircissement à cet égard. Malgré cela , le gouvernement a pris les mesures nécessaires pour punir ceux qui auraient manqué à leurs devoirs , si de nouvelles informations en donnaient la preuve, et surtout pour que de pareils excès ne se renouvellent point. (Marques d'approbation.) Le ministre termine en répétant que les ennemis de l'ordre de choses actuel, qui arborent deux ban nières opposées, conspirent, mais qu'il est prêt à frapper du glaive de la loi tous ceux qui manqueraient à leur devoir, quel que soit le masque dont se cou vrent les rebelles. M. CARRASCO répète qu'il est certain que plusieurs ecclésiastiques ont prêché dans un sens séditieux. M. LE MINISTRE DE LA JUSTICE confirme ce qu'a dit M. le président du conseil, relativement aux inforror tions sans résultat et aux ordres donnés pour châtier les coupables. M. ESTEVAN COLLANTES parle dans le sens des minis tres. " " M. ORENSE n'est pas satisfait des explications don nées par le gouvernement, dont la conduite, dit-il, est alarmante, à cause de la contradiction qui existe entre les mesures qu'il prend aujourd'hui au sujet de la restitution des biens du clergé et ses intentions précédentes. La séance est levée et la Chambre se réunit en co mité secret....
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
En savoir plus Données de classification - carrasco
- bossuet
- justice
- duvergier de hauranne
- garcia carrasco
- lopez
- arvers
- w. jeffs
- laurencin
- varin
- chartres
- lucerne
- espagne
- rome
- brigantine
- zurich
- pritchard
- catherine
- madrid
- france
- parti radical
- chambre des pairs
- cour de cassation