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Journal des débats politiques et littéraires, 24 janvier 1905

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Journal des débats politiques et littéraires
24 janvier 1905


Extrait du journal

Il est impossible de ne pas éprouver une tris tesse mêlée d'angoisse en lisant les nouvelles de Saint-Pétersbourg. La journée d'hier a été sanglante. Il y a eu beaucoup de morts et de blessés. On n'en sait pas encore et peut-être n'en saura-t-on jamais le nombre exact ; mais qu'il y en ait eu un peu plus ou un peu moins, l'humanité a cruellement souffert. L'heure n'est pas venue de rechercher les responsabilités, et nous ne pouvons d'ailleurs le faire qu'avec réserve. Beaucoup d'impru dences ont été commises. Le mouvement gré viste, dont le pope Gapony a pris l'initiative, portait son danger en lui-même. Le mélange de revendications ouvrières et politiques qui caractérisait l'adresse à l'empereur devait sus citer des passions diverses, ardentes, violentes, inquiétantes, et dont il est naturel qu'on se soit préoccupé en haut lieu. C'est ainsi qu'on com mence les révolutions beaucoup plus qu'on ne prépare les réformes. Mais la Russie n'a l'expé rience ni des unes ni des autres, et il semble bien que l'opinion ne s'y soit pas rendue compte de la gravité de la situation. La foule qui se pressait dans les rues ne s'attendait évidem ment pas à ce qui s'est passé ; elle était con fiante; elle n'avait pas d'armes; beaucoup de gens, comme il arrive toujours en pareil cas, étaient là en curieux. Qu'allait-il se passer? Ou voulait le voir ; on voulait y être. L'impré voyance a été si grande qu'un nombre, hélas ! assez considérable de femmes et d'enfants se sont trouvés parmi les victimes. Tout d'un coup, on effet, la poudre a parlé ; les balles ont sifflé ; les morts sont tombés. Comment cela s'est-il fait? Il est quelquefois difficile de le savoir et de le dire d'une manière précisé ; mais il est malheureusement certain qu'en pareil cas, le premier coup de feu détermine et entraîne les autres, et que, lorsque le sang a commencé de couler, on n'en arrête pas l'effusion au mo ment où on le voudrait. Ce n'est pas au milieu de la fumée de la fu sillade que nous pourrions rechercher froide ment les causes d'un fait aussi douloureux. La Russie traverse une crise pénible, la plus péni ble peut-être de son histoire. Il est regrettable que les déceptions de la guerre d'Extrême Orient aient eu un contre-coup à l'intérieur ; mais cela était peut-être inévitable. A la lueur des événements, on a aperçu distinctement, dans le gouvernement et dans l'administration des défauts qui sans doute étaient soupçonnés, mais qui ne s'étaient pas encore manifestés par des conséquences aussi désastreuses. Le be soin de réformes, et de réformes sérieuses, s'est présenté aux esprits avec force, besoin naturel et légitime : il est à désirer que, mal gré les désordres d'hier, le gouvernement de l'empereur reconnaisse la nécessité de le satis faire. Dans quelle mesure et sous quelle forme,...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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