Extrait du journal

Nos vaisseaux Qui voudra s'accouder aux parapets du pont Alexandre fera sagement de retenir sa place. Un public serré occupe le quai jus qu'à l'Aima. Le peuple de Paris vient re garder sa flotte, mouillée par le travers du Grand Palais. 11 y a là une dizaine de bâtiments qui, dans des fcmps plus paisibles, furent, dit on, des remorqueurs. Il leur reste, de leur jeunesse vouée aux travaux du commerce, des noms innocents et des couleurs écla tantes. L'un a une quille rouge; l'autre, vert jusqu'à la flottaison, a une cheminée ornée d'une bande verte. Celui-ci s'appelle le Martinet : salut, rapide oiseau, signe de bonheur, anonciateur des beaux jours ! Celui-là se nomme l'Abeille: ouvrière .et guerrière au nom prédestiné. Un autre porte le nom éclatant de Lnciline. On les a armés. Leur forme demeure toute bourgeoise, et leur arrière circulaire a encore un air bon enfant. Mais on a blindé de plaques noires la cabine du pi lote, qui entre par line porte à cadenas et •regardé par une meurtrière. On a disposé à l'avant quatre pièces avec leurs bou cliers, et une à l'arrière. Les claires-voies ont été peintes en noir. Les matelots ont pris possession du bord. Déjà tout est net et brillant. Des serviettes et des tricots sèchent. Des hommes au torse nu se débar bouillent. On reconnaît cette combinaisoii d'activité et de repos qui est la vie du marin....