Extrait du journal
Qu'est devenu le joli peuple des midi nettes? Où sont et comment vivent les dix mille ouvrières qu'occupaient les grandes maisons de.couture et de mode et que la guerre a laissées sans travail ? La rue de la Paix est une solitude. Plus d'équipages, plus d'étrangers ni de promeneuses en élé gante toilette ; à peine quelques rares passants. Pas un magasin ouvert. Les joailliers ont mis leurs trésors à l'abri de lavaleur prussienne, suivant en cela l'exem ple de l'autorité, qui emporta dans ses va lises. les diamants de la Couronne et le collier de Mine Thiers. Un hôtel a offert ses chambres à la Croix-Rouge ; les au tres ont fermé leurs portes. Couturières et modistes ont congédié leur personnel, à l'exception d'un petit nombre de « mains » qu'elles gardent pour les costumes de deuil. L'heure n'est pas aux dépenses somp tuaircs-; de toutes les industries, les indus tries de luxe sont celles qui souffrent le plus. La plupart des midinettes sont retournées chez elles où elles vivent comme elles peu vent du secours accordé aux familles des mobilisés; mais celles qui n'ont point de parents? et les ouvrières venues de la pro vince qui sont seules dans Paris? Les sœurs de saint Vincent de Paul ont ouvert à leur usage, auprès de la Madeleine, une maison qui, même en temps de paix, leur rend les plus précieux services. Elles trouvent là une pension où, pour le prix modeste de trente-quatre sous par jour,elles sont logées, nourries, entretenues, blan chies; un réfectoire où on leur donne à déjeuner pour 8o centimes, un réchaud où elles peuvent apporter et cuire leur repas. Un orphelinat, une école, un dispensaire, une crèche complètent cette organisation modèle; le dispensaire, auquel sont atta chés douze médecins, ne délivre pas moins de dix mille consultations par mois. Tout cela dans le modeste immeuble du numéro 14 de la rue de la Yille-l'Evêque. Les sœurs de la Madeleine, dès le début de la guerre, ont mis à la disposition de la Croix-Rouge une partie de, leurs lo caux qu'elles ont aménagée en hôpital pour cinquante blessés. Mais le désir de soi gner nos soldats n'a pu leur faire oublier leur clientes habituelles, au moment où celles-ci avaient le plus besoin d'aide. Elles ont créé un ouvroir où cent-cin quante jeunes filles travaillent, pour le compte d'une maison de pharmacie, à faire des pansements. Vous savez que chaque militaire emporte un peu d'ouate, du taffe tas, une bande, une épingle, le tout con tenu dans un sac de papier. Ce sont les midinettes qui préparent pour eux ce « pansement individuel » avec leurs doigts accoutumés à des travaux de fées. Elles y mettent autant d'habileté et d'ardeur qu'à composer leurs délicats chefs-d'œuvre. Elles travaillent en chantant, aidées par les religieuses ; et rien n'est plus charmant que cette ruche active, pleine de jeunesse et de lumière, où chacune des jolies ou vrières a trouvé le moyen de s'improviser une parure originale avec le pli d'un voile ou un bonnet de papier. Z....
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
En savoir plus Données de classification - jomini
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