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Journal des débats politiques et littéraires, 25 décembre 1829

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Journal des débats politiques et littéraires
25 décembre 1829


Extrait du journal

Affaire du JOURNAL DES DÉBATS. A onze heures et demie , lorsque la Cour est entrée en séance et que les deux portes à la fois ont été ouvertes au public par ordre de M. le premier président Séguier, la salleétait déjà en partie remplie de spectateurs de distinction. On remarquait parmi eux M. le général Sébastiani, M. le comte de Kontlasier, et le jeune duc de Monté bello. M. Bertin l'aîné, rédacteur en chef et gérant du Journal des Débats, prend la place qui lui est assignée, et décline ses noms et prénoms. M. Drhérain, conseiller, fait le rapport de l'affaire. Le droit d'im primer e; de publier ses opinions a été placé, par la Charte, au nombre des droits publics des Français. Cette maxime posée dans le pacte fondamental, c'a été l'affaire de la législation de pourvoir à la répression des abus de la presse. Comme moyen de sociabilité, comme ciment des sociétés et des Etats, la religion devait réclamer en premier lieu la protection de la loi. Avec son pouvoir, avec son éclat, avec ses souvenirs , apparaissait aussi la royauté, qui est comme une seconde réligion. Ii fallait la défendre dans son essence, dans ses attributs et dans ses prérogatives, consacrées par la Charte elle-même. Voilà, Messieurs, la nouvelle tâclie que la loi du a 5 mars 1822 s'est efforcée de remplir. Une loi antérieure, celle du 19 mai' 1819, avait prononcé des peines contre les offenses qui pourraient être commises eontre le chef suprêm-" de l'Etat. Ces -réflexions prélimi naires s'appliquent naturellement à cette cause, où il s'agit d'un article du Journal des Débats, qui avait été originairement incri miné, comme s'étaut rendu coupable d'offense envers la personne du Roi, comme ayant attaqué son autorité constitutionnelle et la dignité royale. - , Il a plu au Roi de confier le soin des affaires publiques à d'autres conseillers. Cet acte de la puissance royale émut violemment les or ganes de la presse périodique , il a été la cause occasionnelle d'un article inséré dans le Journal des Débats, le io août. Voici comment il est conçu : (M. le rapporteur Ht l'ar'iclè incriminé, lequel se trouve textuel lement reproduit plus bas daus le plaidoyer de M' Dupin.) Une citation, continue M. le conseil Ter - rapporteur, avait été donnée au sieur Bertin devant la sixième Chambre correctionnelle , pour le 19 août dernier. Le sieur Etienne Béquet, à l'égard duquel M. le procureur du Roi avait abandonné la plainte, a été mis hors de cause, parce que le sieur Bertin a reconnu avoir fait des changemens notables à l'ai ticle. Le sieur Bertin , condamné à six mois de prison et 500 fr. d'sûnende , a interjeté-appel de ce jugement. M. le procu reur du Roi l'a aussi attaqué à minimâ. Ce rapport terminé, M. Montcloux de la Villeneuve, membre de la première chambre civile, et appelé à siéger pour le jugement de la cause, entre dans la salle et prend le rang qui lui appartient. M. le premier président : M. le conseiller rapporteur, veuilles re prendre votre rapport, parce qu'un de Messieurs vient d'arriver. • M. Dehérain recommence son rapport. M" Lagoy, avoué, prend des conclusions préjudicielles ; mais sub sidiairemeut, et attendu qu'en Cour souveraine il faut conclure à toutes fins, il conclut au fond à ce que M. Butin soit renvoyé des fins de ia plainte. M.* Duptn aîné prend la parole au milieu d'un profond et religieux silence : Messieurs, dit-il, le Journal des Débats, renommé par la cons tance de ses prédilections comme par la vivacité de ses antipathies, s'honore, à juste titre, de n'avoir jamais varié dans son amour pour les Bourbons et son dévouement aux véritables intérêts de la restau ration. Il l'a surtout bien servie en se constituant plus particulière l'orgme de ces loyalistes doués de patriotisme et de discernement qui, associés aux bienfaits et aux espérances de iBi4,ont bientôt compris et hautement proclamé que le trône désormais ne pouvait trouver de solide appui que dans l'alliance sincère et franche de la royauté légitime avec le 3 libertés constitutionnelles que réclament avec une égale force les lumières du siècle et les vœux du pays. Entré dans cette large voie , par goût autant que par conviction , le Journal des Débats s'applaudit d avoir poussé le premier cri, un cri d'alarme et de douleur, à l'apparition des tnumviis du 8 août, un cri proportionné à son amour pour le Roi, et au danger dont il a jugé la France menacée lorsqu'il a cru voir dans leur avènement le triomphe d'un parti dont.l'allure lui était assez connue pour en dé duire immédiatement les plus affligeantes prévisions. Mieux que tout autre, i écrivain courageux qui préside au Journal des Débats, savait par quels hommes le Roi était obsédé, par quels conseils on avait entrepris d'égarer sa haute sagesse , et de surprendre sa bouté; il connaissait, il avait vu de près, il avait entendu s'ex primer en liberté ces hommes dont les préjugés, pour être respec tables dans la personne de quelques uns, à cause de leur grand âge, dé leur caractère religieux et de leur bonne foi, n'eu sont pas moins une_source funeste de vertige et d'erreur; A connaissait aussi cette...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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Données de classification
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