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Journal des débats politiques et littéraires, 26 décembre 1829

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Journal des débats politiques et littéraires
26 décembre 1829


Extrait du journal

PARIS , 26 décembre. Dans les circonstances présentes , l'arrêt de la Cour royale est plus qu'une justice rendue aux opinions du Journal des Débals, c'est un bienfait pour la France constitutionnelle, qui avait tant besoin d'être rassurée par ses magistrats. De toutes parts la presse était persécutée ; il n'était pas de tribunal en France qui n'eût un coupable à punir ; d'autre part, les feuillèS hostiles à la Charte se livraient sans pudeur et sans frein à toute la frénésie de leur in cognito : tous les regards des ainis de la royauté et de la paix pu • bliqne se sont alors portés vers cette Cour suprême , qui a rendu tant de services en 11e rendant que des arrêts. La liberté était deux fois compromise : la liberté religieuse dans l'affaire du. Courrier français, la liberté civile dans l'affaire du Journal des Débals ; deux fois la Cour royale est venue rassurer la France , deux fois elle a raffermi les principes ébranlés, deux fois son calme et im partial courage a fait rentrer dans le néant ces pernicieuses doc trines , que la presse , à défaut de la tribune muette, s'était char gée de démentir. j C'est que nos magistrats savent depuisilong-temps qu'avec la liberté de la presse, il yva de toutes nos libertés. Faites dispa raître du îwonde politique le droit d'examen, le droit naturel de dire son opinion sur la chose publique dont on fait partie, le droit constitutionnel de critiquer avec énergie , amèrement même , les hommes d'Etatxjui, veulent marcher seuL ânhtre tous, seuls malgré tous, seuls en haine du présent et en dépit du passé , il n'y a plus de constitution possible, plus de peuple libre, plus de lois popu laires , plus de triple pouvoir, il n'y a plus de citoyens. Nous savons bien que citoyens est un mot qui répugne à là faction. F,lie voudrait rayer de notre langue politique tous les mots qui pourraient servir à expliquer l'ère nouvelle de liberté et de droits égaux dans laquelle nous sommes entrés à la suite de la liberté. Telle est la faiblesse de 'a faction, qu'elle a peur des mots aujourd hui comme d'un reproche ; elle est trop vieille même pour la langue , il lui faut une langue à son usage, et elle aime mieux ne pas nous entendre que d'adopter le dictionnaire de la Charte. Ce titre de citoyen l'épouvante : elle ne voulait pas , il y a trois fours, que M. Séguier l'eût employé. Ull de ses journaux avait même excusé M. le premier président, comme d'un mot impropre et aboli depuis long-temps. Cependant ce mot existe : il est dans nos lois , il est dans nos mœurs , il est à la Cour royale, dans le coeur j dans la tête, dans le langage de M. le premier président. Citoyens! a-t-il dit encore avant-hier, en dépit des écrivains officiels. Ce mot est donc consacré; et, en effet, il est impossible d'en trouver un autre pour qualifier la foule attentive qui assiégeait avant-hier les portes delà Cour royale. Oui , citoyens, en effet ; car il faut l'être pour venir , dès le matin , assister à ces longs débats de la Cour; pour venir, le matin d un jour d hiver , ne se retirer que le soir, et pour attendre sans impatience le résultat de ces délibérations importantes qui vont dé cider d un principe ; oui , il y avait là plus d'amis delà cause que nous défendons que d'amis du vieux royaliste que le tribunal de police correctionnelle avait déjà condamné ; oui, et ce nous est un bien grand sujet de joie, il y avait plus d'égoïsine dans cette attente animée de la foule qu'il ne pouvait y avoir d'intérêt per sonnel ; car ceci était d'une trop haute importance pour qu'on ne s intéressât qu'à un seul homme dans cette affaire. Cette affaire était 1 affaire de tous, c'était un débat parlementaire, c'était une délibération de tribune ; l'écrivain isolé disparaissait pour faire place a tous ; il était ému comme eux, ils étaient émus comme lui; leur joie a été la même , ni plus ni moins grande la joie des uns que la joie des autres; ils ont partagé le même triomphe ; ils auraient été affligés de la même douleur. Ils auront la même reconnaissance pour leur avocat: voilà nos défenseurs tels que la Charte nous les a faits. Orateur simple et vrai, tort de la raison commune et du bon sens populaire, homme de bar reau, homme de tribune, eiloyen comme nous, M* Dupin a parlé au nom de tous, il a parlé pour tous, il a parlé pourlui et pour nous; et toujours la raison publique s'est reconnue à cette véhémente parole; toujours elle a applaudi à ces raisonne,-nens invincibles, quand il sestagi de principes, à ces indestructibles sarcasmes quand il...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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