Extrait du journal

PARIS, 24 DÉCEMBRE. Tout le monde s'accorde à reconnaître que le débat poli tique qui doit ouvrir la prochaine session des Chambres, est un des plus importans, des plus sérieux, tranchons le mot, des plus critiques qui aient occupé les esprits depuis six ans. Il nous paraît donc utile de signaler les causes qui.au milieu de la sécurité et de la prospérité générales, ont amené cette inquiétude et cette préoccupation momentanées et rendu aux discussions parlementaires toute leur vivacité et toute leur ardeur. - , . f Non, ce n'est pas la rentrée au pouvoir de quelques hommes êminens dont le nom reste attaché à toutes les satisfactions aaorales et matérielles obtenues par le pays depuis la révolu tion de juillet; non, ce n'est pas l'avènement à la présidence d'un homme d'Etat, respecté même de ses adversaires , quoi que son nom illustre soit comme le double symbole de la mo dération et de la fermeté, si redoutables aux partis ; non, ce n'est pas la situation stationnaire des affaires espagnoles, ni le revers éprouvé en Afrique par un maréchal de France, qui in quiètent, qui remuent, qui passionnent les esprits. Le pays n'est pas dupe de tout le bruit que fait en ce moment l'Opposi tion ;'il sait découvrir l'égoïsme et l'orgueil de ses prétentions insoutenables, sous l'emphase de ses patriotiques doléances ; il sait que l'intervention a beaucoup plus de partisans parmi les ennemis du ministère que parmi les amis de l'Espagne ; il sait enfin que, dans cette effroyable haine qui se déchaîne avec un redoublement de violence, aux approches de la session, contre le cabinet du 6 septembre, il entre encore plus de colère contré les personnes que contre les principes. , S'il ne s'agissait donc que d'un débat ordinaire entre le mi aistère et l'Opposition, ce conflit entre des hommes d'Etat que MOUS savons inflexibles sur les principes conservateurs, et des prétentions radicales cent fois combattues . cent fois vaincues ; cette représentation nouvelle des vieilles luttes parlementaires, usées par la fatigue du public aussi bien que par la lassitude des combattans ; cette reprise impuissante des rancunes et des colères d'un autre temps, causeraient fort peu d'émotion au public. De quoi s?agit-il donc ? Tout simplement d un des plus grands dangers que puisse courir le pays ; tout simplement de ce fait : l'Opposition de gauche, l'Opposition radicale, avec ses doc trines dissolvantes, avec ses principes désorganisateurs, avec diplomatie propagandiste, avec ses alliances anarchiques,...