Extrait du journal

Les canaux-, dont l'achèvement nous avait été légué par tous les régimes qui se sont succédé depuis cinquante ans, vont décidément être finis. Ce sera un grand service rendu par le gouvernement au pays. Dans l'ordre moral et politique, l'a bîme des révolutions se ferme, et les plaies de nos.querelles passées avec l'Europe et avec nous-mêmes, se cicatrisent. Dans l'ordre matériel, toutes les entreprises des temps anté rieurs, tour à tour abandonnées et remises en train, poussées cette fois d'une main sûre et persévérante, arrivent enfin à leur terme ; les palais et les arcs-de-triomphe de l'ancienne monarchie et de l'Empire , débarrassés de leurs clôtures de planches et de leur enceinte d'ordures et de décombres, ces-' sent de ressembler à de jeunes masures, et sont presque tous devenus des ouvrages complets. Les dévastations du vanda lisme révolutionnaire se réparent. Versailles lui-même n'aura plus rien à regretter de son antique splendeur. Ainsi, même en fait de 'travaux publics et de grands édifices, nous sortons du provisoire et de Notre caractère national s'en richit d'une qualité nouvelle ; et il faut dire hautement que nous la devons au prince à qui la France de 1850 a remis le dépôt de ses destinées. Nous acquérons l'esprit de suite, nous cous faisons persévérans. Nous étions admirables au début de toute chose, mais nous n'étions bobs qu'à commencer; aujour d'hui , nous savons finir. , , ; Mais pour la navigation du territoire, il y aura beaucoup à faire encore après les canaux. Ces superbes travaux que l'on a pourvus d'èau à grands frais pour tout le cours de l'année, débouchent dans des rivières qui en manquent fréquemment et qui sont hérissées d'embarras. Le canal du Rhône au Rhin se rattache à la Saôné à Verdun, au-dessus de Châlons ; et la Saône, même jusqu'à Lyon, est souvent fort basse, et présenta aux bateliers de nombreux obstacles. Le canal de Bourgogne aboutit d'un côté à cette même Saône, et de l'autre à l'Yonne, qui est presque torrentielle, c'est-à-dire quelquefois à peu près à sec. La Loire, qui est la grande artère, fluviale du pays, re çoit je ne sais combien de canaux, ceux du Nivernais, du Centre, de Briare, d'Orléans, de Bretagne ,du Berry; et la Loire, pendant la moitié de l'année au moins, est éparpillée en ruisseaux, qui coulent à travers des bancs et des îles de sable. Le canal du Midi, qu'on a décoré du nom pompeux du Canal des Deux-Mers, n'est qu'un canal de Toulouse àla Mé diterranée; car rien n'est plus irrégulierque la navigation de la Garonne à Toulouse. Aussi tous ces canaux creusés à force d'argent, de rivière à rivière, ne servent guère jusqu'à pré sent qu'à attester la science des ingénieurs qui les ont tracés, et encore plus les ressources du pays qui a payé, sans se...