Extrait du journal

PARIS , 24 MAI. ; Personne plus que nous n'admire Je talent ; personne n'est plus que nous disposé à reconnaître ses droits ; il doit avoir dans notre genre de gouvernement une grande autorité et un grand pouvoir. Cependant la pa role , quelque éloquente et quelque habile qu'elle soit, doit-elle être tout? Est-ce à elle qu'appartient de droit la suprématie politique ?Le caractère, l'esprit de con duite , les bons sentimens et les bonnes pensées sont quelque chose aussi dans ce monde; ils doivent avoir aussi leur part de pouvoir, et nous ne savons pas s'il est dans les intérêts du gouvernement représentatif de soutenir que, dans ce système de gouvernement, c'est toujours au mieux disant que doit appartenir la puis sance. Dans notre goût pour le talent de la parole, nous vou lons bien accorder que ce genre de talent est souvent le signe caractéristique de la capacité politique. Quiconque parle bien n'est pas toujours un grand politique.; cependant il est rare, quand les institutions comportent ou exigent le talent de la parole, il est rare que les grands politiques ne parlent pas bien. On voit que nous ne chicanons pas l'éloquence sur ses prétentions 'ou sur ses privilèges. Nous lui faisons nne grande part. De quoi nous plaignons nous seulement? Nous nous plaignons qu'elle veuille se faire une part plus grande encore que celle qui lui re vient, et qu'elle dise arrogamment : L'Etat, c'est moi! Comme nous n'avons pas à parler d'une manière va guô, et à envelopper notre pensée., nous dirons sans détours et sans circonlocution de langage que nos ré flexions sur les droits légitimes du talent et nos craintes sur ses prétentions exagérées s'appliquent à M. Tbiers. Noas admirons plus vivement peut-être que ses flat-. teurs la promptitude et l'étendue d'esprit de M. Thiers ; nous aimons la clarté brillante de sa parole, et cette éloquence qui. n'est jamais déclamatoire et qui est par-...