Extrait du journal

Le Radical est très net dans son attitude contre la loi de trois ans. 11 admet que « la formule de la nation armée trouve eiicore des résistances», môme dans le monde des unifiés de Pau, mais il consi dère qu'avec de la vigueur, de la décision et delà persévérance ce dernier article du programme passera avec les autres. Telle est la thèse du Radical, organe officiel du parti. Mais, d'autre part, M.Maginot, sous secrétaire d'Etat à la guerre, a prononcé hier à Nancy, au banquet de clôture du Congrès des étudiants, un discours qui donne unè toute autre note. « Il est des sacrifices, a-t-il dit, qu'un pays doit savoir s'imposer lorsqu'il s'agit de son existence môme et dans lesquels il lui faut avoir le courage de persévérer tant que l'exigent les nécessités de sa défense. Si lourds qu'on puisse les juger, ils sont préférables aux éventualités de la défaite avec son cortège de- malheurs et de ruines dont nous n'avons pas ici perdu le souvenir. J'ai foi dans la sagesse des hommes de mon pays ; j'ai foi dans la République, qui s'est toujours montrée la gardienne vigi lante de la patrie, pour que la France puisse continuer, dans la paix que lui assureront des frontières bien gardées, l'œuvre de progrès et de haute civilisation dont ses fils n'ont cessé d'être, au cours des siècles, les généreux artisans. » Le langage de M. Maginol, on en con viendra, est pour le moins aussi catégo rique que celui du Radical. Nul d'ailleurs ne s'est mépris sur sa signification, et c'est par des cris enthousiastes de « Vivent les trois ans », qu'il a été accueilli. Le Radical s'y est si peu trompé lui-môme qu'il passe sous silence le Congrès des étudiants et l'allocution de M. Maginot. Ce silence a sans doute la prétention d'être une leçon à l'adresse du sous-secrétaire d'Etat, en vertu de l'adage de Mirabeau : « Le silence des peuples est la leçon des rois. » Mais ce silence, si impressionnant qu'il puisse être, n'empôche pas le discours d'avoir été pro-...