Extrait du journal

Une flamme qui depuis des siècles, de géné ration en génération, brûlait au cœur de cha que Français, vient de prendre son essor, de flamber à l'air libre, perçant la brume environ nante de matérialisme, l'effilochant, la disper sant, ouvrant enfin, sur l'idéal, de rayon nantes perspectives. A cette flamme qui symbo lise la vie et la mort héroïques de Jeanne d'Arc, la sainte de notre patrie, la jeunesse se devait, en ces heures particulièrement angoissantes, de rendre tout son éclat, et de rassembler autour d'elle, comme jadis l'humble bergère, les forces vives de la nation. Sous l'impulsion des « Compagnons de Jeanne d'Arc » la nouvelle « chevalerie fran çaise » que sont les scouts l'a compris. Le ler1er mai, à Domremy, jouant devant la basilique le « jeu » de la vie de la sainte, les scouts de France allumèrent au feu qu'ils avaient entre tenu toute la nuit, un flambeau. Trois routiers s'en emparèrent afin de le porter, en courant, dix kilomètres plus loin où d'autres routiers les attendaient, pour, à leur tour, les remplacer. Et la flamme transmise ainsi d'étape en étape, suivant la route des cathédrales : Reims, Soissons, Compiègne, Beauvais, refait, à sa façon, la chevauchée de l'héroïne. O miracle ! partout où elle paraît, portée par ces garçons au regard clair, le pays s'éveille. Il semble que des voix mystérieuses annoncent sa venue, la terre frémit,les arbres inclinent leurs feuillages, les cloches sonnent, les villages se pavoisent, les habitants, poussés par une force inconnue, quittent leur foyer, leur travail ; musique en tête ils vont à sa rencontre, ils l'accompagnent, ils l'acclament. Une étrange allégresse traverse l'air et les cœurs ; les champs et les jardins embaument, les misères quotidiennes sont allé-...