Extrait du journal

Notre article du 6 septembre sur le pro jet de loi d'administration militaire nous a valu quelques lettres où l'on nous repro che de soutenir une thèse peu libérale. Nous avons entrepris en effet de combat tre le -principe de l'assimilation. Nous sommes d'avis qu'il convient de réserver le titre d'officier aux seuls officiers, et il nous est difficile de voir en cela une question de libéralisme. Ce que nous avons dit, c'est qu'en voulant étendre l'honneur militaire à tous les collabora teurs de l'armée on s'expose à faire dé générer dans l'esprit, du soldat et dans la conscience même de l'officier l'idée que l'un et. l'autre doivent avoir la dignité du commandement. Et ne serait-il pas im prudent qu'à une époque de transition et d'incertitude comme celle où nous sommes, la loi admît des dispositions pouvant con tribuer à diminuer le prestige du grade et, par ce moyen, énerver la discipline. L'es prit militaire au sein de l'armée est déjà soumis à une épreuve assez rude par suite de l'extension démesurée qu'ont prise les effectifs de guerre et les cadres qu'il a fallu improviser dans la même proportion. Ce n'est donc pas une témérité de demander que le législateur distingue ce que le bon sens et la nature des choses ne permet tront jamais de confondre, et qu'il attri bue aux personnes un titre, des hon neurs, une hiérarchie répondant au carac tère de leur fonction. Ce qui serait fait pour surprendre, c'est qu'après les gra ves avertissemens de l'année 1870 il fallût encore tant disputer sur la définition de l'officier et démontrer qu'une définition exclut tout ce qu'elle ne renferme pas. Notre thèse est donc générale et se ré sume à dire que l'assimilation n'est pas soutenable en principe ; que pouvant être condamnée déjà, même à cause de son origine, elle doit l'être sûrement pour son esprit et pour ses effets. Aux intérêts par ticuliers que cette discussion met en jeu, nous avons eu soin d'opposer l'intérêt gé néral de l'armée ; car il doit être admis que l'on recherche avant tout la puissance de l'instrument de combat. Mais, au lieu d'a border avec nous la question de principe, chacun préfère, suivant l'usage, se retran cher dans le détail qui l'intéresse. Par exemple, il s'est élevé des voix dans la presse médicale pour défendre la situation des médecins militaires que nous n'avions point mis en cause. On a affecté de croire que c'est eux que nous visions quand nous avons parlé de ces assimilés qui se couvraient du brassard des ambulances contre l'effet des capitulations. Il était pourtant facile de voir où notre allusion portait. Il n'entre pas dans notre esprit de reprocher aux membres du corps médical une neutralité qui les protège contre cer-...