Extrait du journal

PARIS s $5 FÉVRIER. Lesbureaux ont autorisé aujourd'hui la lecture de la proposition de M. de Rémusat sur les incom patibilités. Nous ne le regrettons pas. Depuis qu'il est devenu d'usage, et pour ainsi dire de forme que cette proposition soit soumise une fois tous les ans à l'examen de la Chambre, de combien d'idées fausses la discussion n'a-t-elle pas déjà fait justice ? Qui oserait parler aujourd'hui d'inter dire radicalement la députation aux fonctionnaires publics ? Nous avons vu le temps où la grande rai son qu'on leur opposait était celle-ci : Vous prenez part au budget ; vous ne pouvez donc pas le voter ! Et l'argument ne laissait pas de produire quelque effet sur un certain nombre d'esprits. On ne prendrait pas même la peine de le réfuter aujourd'hui ; il ne nous paraît plus que puéril : il a paru spécieux pendant quatre ou cinq ans au moins. Il a fallu tout ce temps-là, et des discus sions répétées, pour qu'on* s'aperçût enfin qu'il n'y a pas une loi dans laquelle ceux qui la votent n'aient un intérêt personnel quelconque. Exclurez vous les maîtres de forges, les fabricans de draps ou de toiles, quand il s'agira d'une loi sur les douanes ? les militaires, quand il s'agira d'une loi sur l'avancement ? Exclurez-vous les propriétaires toutes les fois qu'il sera question d'une mesure qui intéresse la propriété? Et d'ailleurs qui n'est pas intéressé directement ou indirectement, par soi même ou par les siens, dans les fonctions publi ques? On n'est pas fonctionnaire, mais on a un fils, un frère, un cousin, un ami qui l'est ou qui veut l'être. Il y a tel député à la Chambre , sur les bancs de la plus fière Opposition, dont toute la famille vit du budget sans scrupule. Ce serait donc, en réalité, tout le monde qu'il faudrait exclure, si l'on voulait exclure les intéressés. On ne conteste plus une vérité si simple et si palpable; on l'a contestée longtemps....