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Journal des débats politiques et littéraires, 26 septembre 1830

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Journal des débats politiques et littéraires
26 septembre 1830


Extrait du journal

PARIS, 25 se-ptemijre. Enfin le gouvernement a parlé, le gouvernement dans la légi time , la nationale , la constitutionnelle acception du mol , c'est à dire le ministère , organe de la Couronne, et les Chambres , in terprètes du vœu national. Le ministère a dit sa pensée sur l'état des choses et des esprits ; il a indiqué son système ; il a marqué la limite où la liberté s'ar rête , où l'anarchie commence , celle que l'autorité royale ne con sentira pas à franchir. La Chambre a répondu avec transport à l'appel fait par le pouvoir à sa sagesse. La France reconnais saute unira ses acclamations au cri de ses députés. La séance qui vient de finir est une des plus grandes auxquelles nous ayons assisté. Ce soir, Paris tout entier en retentit. Paris a reconnu ses vœux dans le vœu unanime de la puissance publique repoussant de notre patrie l'état révolutionnaire que des im prudens appelaient sur elle , comme il reconnut son esprit et son âme dans ces mêmes hommes , dans , ces mêmes pouvoirs procla mant l'inauguration d'une royauté populaire et des libertés na tionales sur les ruines de la tyrannie abattue. Pourquoi les provinces n'ont-elles pu assister à ce spectacle ? Que n'ont-elles vu la Chambre entière se levant pour protester contre la supposition , contre la complicité de pensées subversives, la gauche unissant son indignation à l'jndignation universelle, ses plus illustres, ses plus graves figures, pâles de surprise, ardentes de colère , les braves chefs de notre vieille armée tenant la main levée, comme les orateurs populaires de nos vieilles Oppositions, pour frapper d'anatlième la passion des clubs? La France aurait été fière de ses représentans ; eile eût banni toute alarme sur ses destinées; et de son côté l'Europe , si elle eût été là par ses ambassadeurs, aurait compris quelle est la grandeur d'un peuple qui renverse une monarchie en trois jours, qui reconstruit et consolide l'ordre so cial en deux mois ! Deux mois! Aujourd'hui ,à pareil joui-, le char de la révolution était lancé par l'aveuglé cour qui avait cru, sur la foi d'une fac tion insensée, que la France ne saurait, n'oserait pas défendre ses lois. Aujourd'hui , ce char terrible , qui en quelques tours de rouC écrasa un trône grand dans les respects du monde , vient de rencontrer la barrière qui marque et borne sa course. Le lende main du 25 juillet, la cause de îa liberté avait vaincu. Le 25 sep tembre ,la cause de l'ordre triomphe, et ainsi éclate également à tous les regards ce que la France ne voulait point, ce que la France, ses gardiens, ses guides, sauraient vouloir envers et contre tous.' ■ Dans les révolutions , le plus difficile n'est pas d'emporter la victoire, mais bien de là modérer. La plupart de celles qui se sont succédée dans l'univers et se sont perdues dans leurs excès, ou ont échoué contre des réactions, périrent faute d'un point d'arrêt. La nôtre n'aura point ce destin. La sagesse des législateurs qui l'ont consacrée lui avait marqué dans notre bill des droits, dans notre Charte modifiée,ce point d'arrêt sans lequel il n'y a pour les peuples condamnés aux révolutions que calamités sans mesure et sans nombre. Les clubs n'étaient ni plus ni moins qu' Une' entreprise formée pour entraîner la France au delà de ces limites tutélaires. La journée qui s'achève a fait justice de cette pernicieuse entre prise. On peut la proclamer renversée sans retour. Et pour la leçon des agitateurs, pour l'exemple des nations voisines, ce n'est pas l'autorité seule, ce ne sont pas les Cham bres et les pouvoirs réguliers , c'est ce peuple même qu'on mé connaît et qu'on calomnie en l'invoquant, qui a voulu prendre sa part de cette victoire de la modération et de la sagesse, comme il prit sa part de la victoire sanglante, de la victoire hé roïque. Ce soir il s'est porté à flots pressés aux portes du club soi disant populaire, et il a fallu que ses membres se séparassent sous l'arrêt de l'improbation publique. Voilà la seconde insurrection de ce peuple que le parti-prêtre prétendait favorable à ses complots de tyrannie, que le parti brouillon disait complice de ses projets de bouleversement! 11 s'est vengé deux fois de ses calomniateurs; il a condamné les premiers à l'exil, les seconds ne sçront puais que par le ridicule. Chacun restera rétribué selon ses mérites. Ainsi notre révolution ne manquera pas à ses destinées. Elle conservera le nom de glorieuse , que lui a valu l'admirable alliance de la sagesse et du courage. La confiance publique va renaître de toutes parts ; les craintes , vraies et fausses, mais qui toutes étaient un malheur, une illégalité, un péril, seront dissipées à ces grandes nouvelles. La France jouira de tous les biens que la liberté promet, et qu'elle ne donne que lorsque la sécurité est sa compagne. La presse cessera de poursuivre, au milieu de cette France libre et contente , le cours d'une opposi tion désordonnée, comme si Une opposition permanente et colère était dans les gouvernemens représentatifs, sous tous les régimes,...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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Données de classification
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  • société des amis du peuple