Extrait du journal

PARIS, 26 AOUT. Nousnous contenterons aujourd'hui d'exa miner l'esprit général du rapport de M. De vienne, qui est très long, et n'occupe pas moins de huit grandes colonnes du Journal officiel. Les conclusions de ce document sont, comme de juste, favorables au projet de sénatus-consulte, mais il ne témoigne pas d'un bien vif enthousiasme. Il est visi ble que M. Devienne se serait volontiers passé des réformes que l'Assemblée dont il fait partie est appelée à consacrer, et que, si le projet de sénatus-consulte n'existait pas, ce n'est pas lui, comme on dit vulgairement, qui aurait éprouvé le besoin de l'inventer. La première réflexion de M. Devienne est que l'on fait bien souvent appel depuis quelque temps à l'action constituante du Sénat, et que ces modifications si fréquen tes de la loi fondamentale donnent à nos institutions un air d'incertitude qui n'est favorable ni pour notre tranquillité inté rieure ni pour celle de nos voisins. D'ail leurs, ajoute-t-il, l'expérience démontre que les peuples qui s'occupent plus de respecter .leurs lois que de les changer sont les plus grands et les plus prospères. Cette remarque est juste sans contredit, à raisonner d'une manière générale ; mais on peut répondre à M. Devienne que les seules lois que respecte le temps sont celles qui ne doivent rien aux circonstances, et que s'il y a jamais eu une Constitution faite expres sément en vue des circonstances, c'est assurément celle de 1852. C'est ce qui ex plique les modifications successives et plus ou moins importantes dont elle est l'objet à mesure que la France revient, par la force des choses et par l'action inévitable du temps, aux principes libéraux qu'elle a si puissamment contribué à répandre dans toute l'Europe. On pourrait citer, du reste, l'exemple du peuple anglais, qui professe...