Extrait du journal

Les anarchistes de lettres On se souvient que les anarchistes de lettres ont manifesté avec éclat et con fessé publiquement leur foi révolution naire au courant du procès de l'un d'entre eux, M. Jean Grave. Non contents d'être venus proclamer à la barre, comme té moins, l'admiration que la dynamite et la poudre verte leur inspirent, ils ont tenu, le lendemain du verdict, à publier une proclamation où les signatures de litté rateurs connus se confondaient avec les noms d'un certain nombre de leurs con frères qui n'ont encore affirmé que leur désir de se faire connaître. Il y avait, évidemment, un grand souci de la réclame dans ce dandysme révolu tionnaire et l'on se demandait alors, avec une pointe de scepticisme, où commen çait, pour la plupart de ces écrivains mé contents et aigris, le révolutionnaire et où finissait le farceur. On faisait la part de certaines déceptions et de certaines jalousies, de cette humeur irritable dont les poètes n'ont pas le monopole. Toute lois, il avait paru à quelques-uns qu'il y avait là un fâcheux symptôme et nous .'disions, pour notre part : « Dans le nom bre, plusieurs sont sincères et, par con séquent, dangereux. » On finit par le reconnaître, et M. Ma gnard en tomba d'accord. Il s'aperçut, à la longue, que ces excitations trouvaient des échos, qu'elles exerçaient une in fluence, et il blâma ce dilettantisme dont il avait paru s'amuser....