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Journal des débats politiques et littéraires, 27 juillet 1870

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Journal des débats politiques et littéraires
27 juillet 1870


Extrait du journal

C'est bien possible, répondait le comte, mais ne t'en occupe pas, c'est un si brave garçon. Qne vient-il faire ici ? Ma partie d'échecs. Ce serait à merveille s'il s'en allait après, mais il vient se mettre devant mon métier et reste immobile comme un fakir ; impossible de ne point le voir, il est si grand et tient tant de place ! J'avoue qu'il n'est pas un galantin, reprenait M. de Prigné en riant, mais c est le plus honnête homme que je connaisse; supporte-le, puisqu'il m'est commode. C'était la meilleure raison à donner pour aider la patience de la bonne Catherine \ elle laissa donc M. de Fayen continuer à venir montrer son visage impassible et sa grande taille. Quel motif pouvait lui faire déserter ainsi sa belle demeure pour ■ s'installer chez des gens qui n'avaient • aucun dé ses goûts, avec lesquels il n'échangeait aucune idée ? Son intimité de vieille date avec M. de Prigné était due plutôt à des rapports de situation dans le monde, à dix ans d'études passés sur le même banc, à la bourse tou jours ouverte de M. de Fayen, libre de sa fortune à vingt et un ans, qu'à la con formité de caractère. Ils avaient des natu res très différentes : le comte, positif, per sonnel, sceptique, spirituèl, avait beaucoup aimé le plaisir, ou plutôt tous les plaisirs ; | après avoir perdu fortune et santé, pour refaire l'une et' soigner l'attiré il s'était marié, cherchant le repos avant tout ; il n'aimait que ses aises ; son indifférence sur tout le reste le rendait facile à vivre, et sa femme prenait pour de la bonté ce qui n'était qu'un égoïsme bien entendu. D'ailleurs, Catherine n était(point exigeante ; la vie retirée et tranquille lui convenait : élévée par sa grand'mère, elle était habituée de longue date au métier de garde-malade, et, quand elle se maria, rien ne fut changé : au lieu de soigner une vieille femme, elle soigna son mari, voilà tout. Douce, soumise, sans imagination, il lui suffisait de diriger sa maison et de broder au petit point un meuble pour son salon. Un voisin plus aimable que M. de Fayen l'eût-il amusée ? c'est douteux, il y avait en elle je ne sais quoi de timide et de modeste qui se fût sans doute effarouché, tandis que la réserve de M. de Fayen finit par la mettre à 1 aise. Elle s'habitua'à. le voir, ne songeant àsa...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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Données de classification
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