Extrait du journal

Si l'on veut arriver à un résultat, sans rendre le pouvoir suspect de faveurs ou de rigueurs intéressées, il faut que la réduc tion du nombre des débits s'opère d'elle même, graduellement, par l'accroissement des charges qui incombent à l'universalité des débitans. Le doublement de la licence, par exemple, ne manquera d'avoir cette conséquence : on peut espérer que cinq à six ans après cette mesure, le nombre des débits aura diminué de 10 0/0 environ. Le Trésor y trouvera encore son compte, puisqu'il aura doublé la licence et qu'un dixième seulement des débits aura disparu. L'on n'obtiendra toutefois ainsi, au point de vue de la consommation de l'alcool, qu'un résultat restreint. Les débits survi vans hériteront d'une grande partie de la clientèle des débits disparus. Pour agir effi cacement sur la consommation, il faudrait élever l'impôt sur l'alcool, à la condition, toutefois, qu'on prît en même temps des mesures efficaces pour réprimer la fraude. M. Léon Say a d'excellens développemens sur la concurrence que les fraudeurs font aux commerçans loyaux. C'est la fraude qui fixe les prix. Mais si l'on parvenait, ce qui sera l'objet de la troisième partie du rapport, à la ré primer, il est certain que l'on pourrait ai sément augmenter de 60 à 70 fr. par hecto litre le droit sur l'alcool. La consommation en diminuerait peut-être d'un dixième, ce qui ne serait pas un mal ; mais comme le droit aurait été accru d'un tiers ou d'un quart au moins, le Trésor serait en grand bénéfice. Nous éprouvons ici quelque scrupule : nous n'aimons pas à accorder des ressour-...