Extrait du journal

—Et pourquoi, s'il vous plaît? croyez vous que la conversation me fatigue ? Vous avez raison, j'ai mal pensé, mais peut-être aurons-nous des visites. Ce n'est guère probable, d'autant que je me suis laissé dire qu'il y a une matinée dansante quelque part; vous auriez pu penser aux demoiselles de La Béjude qui n'y vont certes pas, et à leur jolie amie qui fait plaisir à voir ; vous savez, ma chère, que j'en suis amoureux. Tant mieux, tant mieux, dit la pauvre marquise, encore au fond du cœur ridicu lement sensible aux plaisanteries de ce genre, ce qui, du reste, les rendait seules amusantes au marquis ; vous la verrez de main, car vous n'avez pas oublié qu'elle déjeune ici avec Julie et Geneviève. Espérons alors que nous pourrons les recevoir sans que cette cheminée fume aussi atrocement. Une soudaine rafale de vent justifiait cette boutade du marquis et causait déjà une véritable agitation à sa pauvre femme, quand, à son extrême soulagement, le timbre de la porte d'entrée vint faire une heureuse diversion. Vous voyez, mon ami, dit-elle triom phalement, voici du monde qui nous ar rive; et s'approchant d'une fenêtre et n'a percevant pas de voiture : Je me demande qui peut nous venir à pied par ce temps. Mais personne, dit le marquis, avec un redoublement de mauvaise humeur, un paquet sans doute. Mais, au même instant, les meilleures inspirations de la marquise furent justi fiées et la porte s'ouvrit pour un visiteur. L'expression du visage du vieux marquis se changea aussitôt en célle de la plus extrême surprise, pendant que d'une voix cordiale il s'écriait : Vous, d'Everly, vous ? Quel boû vent vous amene ?...