Extrait du journal

La porte du numéro 17 de la rue de Miromesnil s'ouvre sur le monde enchanté de la flore et de la .faune sous-marine. « Exposition de Coquillages » annonce le catalogue ; mais, pour moi, c'est tout autre chose : c'est un poème de la mer ! Je ne veux pas, je ne veux plus penser à la définition du dictionnaire : « Mollusque testacé, animal à corps mou revêtu d'une coquille. » L'explication,de la coquille elle même ne me séduit pas davantage : « For mations calcaires sécrétées par le manteau des mollusques. » Les coquillages n'ont pas trouvé grâce devant la science, et les savants me pardonneront d'ignorer les noms barbares dont ils baptisèrent ces merveilles façonnées, voici des millénaires, dans la profondeur des océans. Que de splendeurs sous l'eau verte des mers, chaudes ! Parmi les récifs de corail, des « volutes » sont nées, pareilles à des arums. On peut à peine imaginer que ces grands pétales orange sont des bêtes et, non des fleurs... Sous les reflets du soleil couchant, dont il garde les couleurs, le « nautile Argo naute » a construit sa coque : il apparaît au crépuscule à la surface de l'océan In dien. Mais, si quelqu'un ou quelque chose l'effraie, il replie ses nageoires irisées et se laisse tomber dans l'abîme. Une main de femme ou de fée a fait surgir en plein cœur de Paris un de ces palais nacrés qui s'accrochent aux ro chers du Pacifique. L'extérieur est un coin d'arc-en-ciel ; l'intérieur est translucide comme une bulle de savon : ce sont des « oreilles de mer », ou, pour mieux dire, des « Haliotès Et celui-ci ? Oh ! par pitié, né me dites pas que « c'est un genre de mollusques i...