Extrait du journal
PARIS , 26 MAI. Nous ne doutons point, puisque l'on persiste à le dire, nous ne doutons point que M. Thiers ne soit le chef du centre gaucho , et que le centre gauche ne continue à former un parti sous la conduite de M. Thiers; seule ment nous avons besoin d'explications sur quelques cir constances. Nous fesons donc quelques questions. On y répondra si l'on veut. Et d'abord qu'on veuille bien le remarquer, nous ne prétendons nullement que M. Thiers ne soit pas digne de conduire et de diriger un parti. La vivacité de son esprit, qui éclate surtout les jours de dangers, la rare souplesse de son intelligence, la promptitude de son imagination à prendre les rôles et les sentimens les plus divers, tout fera de lui un homme éminent dans le parti qu'il adoptera. Mais ce dont nous doutons, c'est qu'il soit encore le chef du centre gauche. Nous dirions même, si nous voulions ici expliquer toute notre pensée sur M. Thiers, que, quelqu'habile homme qu'il puisse être dans un parti d'Opposition, il est dans sa nature d'être plus remarquable encore dans un parti de gouvernement. Il a besoin peut être , pour avoir toute sa valeur , de n'être pas livré sans contrepoids à ses fantaisies et à ses pas sions. 11 a besoin de la tenue et de la suite que donne naturellement le pouvoir. Dans l'Opposition , M. Thiers est trop libre; il dépend trop de ses caprices. 11 a manqué sa vocation naturelle, le jour où il a permis à ses amis de le représenter comme ayant rompu avec îa Couronne. Mais laissons ces réflexions qui sont l'effet involontaire de nos regrets quand nous voyons que M. Thiers risque, par l'imprudence de ses amis, d'être perdu pour la monarchie do juillet, et examinons seulement si dans ce moment il est encore vrai de dire que M. Thiers est le chef du centre gauche. Qu'il nous soit permis de faire remarquer qu'au jourd'hui il y a peu de partis qui soient stables et qui fassent corps. Nous ne croyons pas plus à la permanence du centre droit que du centre gauche. Nous élevons même des doutes sur la consistance du parti qui suivait autrefois la bannière de M. Barrot. Il n'y a de partis que ceux qui ont des principes à défendre et à faire prévaloir. A ce compte, il n'y a à nos yeux que deux partis, ceux qui veulent la Constitution et la dynastie de 1850 et ceux qui n'en veulent pas. Hors de ces deux par: lis, il y a des ombres et des fantômes d'anciens partis qui veulent vivre encore, mais qui ne le peuvent pas, parce au'iisneserattachentqu'à de vieilles querelles, parcequ ils ne se rattachent à aucun des intérêts du présent. On ne feit pas un parti avec des passions et des rancunes per sonnelles. Il faut des principes, et ceux qui veulent res ter hors de la majorité ralliée sous le ministère actuel seronf forcés tôt ou tard de se réunir à cette majorité ou d'aller chercher jusqu'aux extrémités de la Chambre et hors des limites de la Coustitutioa des principes et un parti. Eu doutant de l'existence du centre gauche comme parti, nous ne faisons donc pas injure à cet ancien parti; nous croyons seulement qu'il est soumis à la crise et a la rénovation qui est la loi du jour. M. Thiers veut rester le chef du centre gauche ; c est...
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
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