Extrait du journal

vint s'asseoir près de la jeune fille pour parler de lui. Heiu ! J'ai joliment fait de l'inviter ? Il a égayé la petite fête. Je m'étais dit : Si j'ai seulement M"8 Isabelle et mon su perbe jeune homme, ça marchera. Isabelle, habituée aux fréquentes ren contres que lui ménageaient ses amies dans des intentions matrimoniales, fut frappée de ces paroles. Qu'est-ce qui mar cherait ? Et puis, continuait M. Allevard, je savais que vous vous entendriez tous les deux. Il est très beau; vous êtes une ravissante demoiselle; vous aimez le monde et lui aussi. Il faut toujours ras sembler les gens qui peuvent se com prendre, n'est-ce pas? Alors, il l'a fait exprès, pensa la fille de l'agent de change, déjà reconnaissante que le capitaine prît à ses affaires cet af fectueux intérêt. Oui, oui, poursuivait-il ; si j'étais femme, je serais folle de ce garçon-là. Il réunit les deux plus belles qualités, à mon avis : la force et la douceur. Regar dez-le maintenant, parlant à M"8 Eva : point fat, mais empressé, discret ! Oh ! c'est un gaillard l Isabelle ne douta plus que M. Morton ne fût venu pour la rencontrer ; et, contre son ordinaire, elle demeura troublée, em barrassée, tellement que M. Maire s'en aperçut. Il avait saisi quelque chose des discours de M. Allevard, et, devinant leur effet, il ne put retenir un mouvement d'impatience : N'allez pas raconter à Mademoiselle tout ce vous penseriez si vous étiez femme, dit-il tout haut à l'ancien marin. Laissez-la à ses propres idées, qui seront certainement beaucoup plus raisonnables. Mais l'impression était produite. Jus que-là le grand obstacle au mariage de la jeune fille avait été le défaut de fortune. Or, les Américains ne demandent pas de...