Extrait du journal

ILes épreuves du parlementarisme. La Lan terne s'afflige des enquêtes qui se sont ouvertes sur la crise du parlementarisme. Le Rappel n'est pas moins triste. Il semble aux radicaux-socialistes que les critiques adressées aux parlementaires font beau coup de bruit. L'opinion risque de s'alarmer, et que feront-ils si l'électeur pensait que tout n'est pas pour le mieux dans le meilleur des mondes. Aussi s'efforcent ils d'atténuer les reproches queM. Aynard, M. Poincaré, d'autres encore ont formulés avec netteté. Tout cela est très exagéré, semble dire le Rappel. Voyez quel le est la joie des réactionnaires qui ramassent les produits par l'enquête, dit la Lanterne. Ne vau drait-il pas mieux laisser toutes ces consultations alarmantes? Assurément,.sl serait plus agréable que toutes ces consultations ne fussent pas nécessaires. Mais qui peut nier qu'elles le soient devenues ? Il ne s'en suit pas que le régime parlementaire soit condamné en soi. Il a pour lui cet argu ment décisif d'être le seul gouvernement connu en dehors du gouvernement absolu, qui même dans les Etats monarchiques est devenu rare. Ce qui est en cause c'est la manière dont il est pratiqué. Les abus dont les amis de la Lanterne et du Rappel ont été et sont encore souvent les auteurs et les bénéficiaires ont amené naturellement les critiques chez les gens qui réfléchissent, et le vague rêve des coups de force chez les autres.La Lanterne aurait pu remarquer que la condamnation pure et simple et l'appel à la force ne sont pas le monopole des réactionnaires. Ses alliés, le 3 socialistes révolutionnaires, ne parlent pas autrement. Ce matin encore le citoyen Pou get, de la Confédération générale, s'expliquant sur les manifestations de demain proclame son mé pris de l'action parlementaire et ses préférences pour l'action syndicale, qui doit faire de la classe ouvrière « la souveraine de demain ». Souveraine elle l'est déjà comme les autres citoyens par le suffrage uni versel. Mais cette souveraineté ne suffît pas à la Con fédération : c'est par le sabotage, l'action directe, et la destruction, des institutions actuelles qu'elle pré tend régner. Les ennemis de l'extrême droite du par lementarisme, dont se plaint tant la Lanterne, n'en disent pas plus. Dans leur tristesse, la Lanterne et le Rappel n'oublient qu'une chose : c'est que si le régime parlementaire n'a pas meilleure réputation depuis quelques années, c'est la faute de leurs amis ; ils y sont la majorité. Il ne tient qu'à eux de nous paraî tre plus beaux, plus instruits, plus sincères, plus dé voués, moins politiciens et plus capables d'esprit politique. Est-ce donc qu'ils en seraient Incapables ?...