Extrait du journal

« Ah, ceci te déplaît, viens, suis-moi! » chante alors Méphisto à son compagnon écœuré par l'orgie et l'orchestre, en quelques accords magiques, nous transporte soudain dans des jardins fleuris de lys et de roses, où les sylphes vont bercer le sommeil enchanté de Faust... Nous voici devant Y Eternel printemps de M". Maurice Denis, « ensemble décoratif » pour un hôtel privé à Bellevue. Je voudrais d'abord dire l'impression produite par ces peintures, si l'on pouvait faire sentir .par des mots la joie que donne à l'œil l'accord do deux tons juxtaposés. C'est une exaltation à la fois douce et intense, dans la pure clarté, de bleus, do roses lilas et de vers cendrés, un épa nouissement do lumière épandue, défloraisons candides des valeurs chantantes, et, poûrparler par analogie, un peu, dans la peinture, ce que le prélude de Lohengrin est dans la musique: le « morceau » étant écrit et soutenu dans les re gistres les plus haut?. L'ensemble décoratif est formé de trois groupes do peintures : deux tripty ques et un diptyque : une jeune fille boit à une fontaine, trois musiciennes assises à l'ombre claire dos arbi'es en fleurs, chantent et jouent de la viole, tandis que, plus loin, une théorie de danseuses se détache sur le ciel, une autre cueille dos fleurs; c'est le premier triptyque, Des baigneuses accroupies ou debout près d'un bassin où le ciel se reflète et où fleurissent des pensées ; des tresseuses de couronnes virginales assises sous des jonchées de branches lourdes de fleurs et, plus loin,une double procession de porteuses de lys et de blanches canéphpres con-...