Extrait du journal

Depuis dix-huit mois qu'il est eu exil, plusieurs occasions se sont présentées où l'on aurait pu s'attendre à voir son nom mêlé à certaines manifestations de parti. Nous n'avons pas entendu dire qu'il se fût écarté de la réserve dont il paraît s'être fait une loi. Dans les polémiques de presse et les interpellations que le parti radical ne nous a pas ménagées au sujet des « menées monarchiques », nous ne nous souvenons pas qu'il ait jamais été question de M. le duc d'Aumale. Et cependant l'Extrême Gauche est vigilante, et l'on sait qu'en ce qui touche « le péril de droite » rien n'é chappe à son attention. On peut donc dire que le ministère est fort à l'aise pour examiner en ce moment la situation de M. le duc d'Aumale, et pour prendre la décision qu'il jugera convena ble. Il peut le faire sans préoccupations constitutionnelles et sans inquiétudes poli tiques. La présence de M. le duc d'Aumale en France n'est évidemment pas plus dange reuse pour la république que celle de tel ou tel autre membre de sa famille, auquel no tre territoire n'a pas été interdit. Il ne reste plus, pour expliquer la prolongation de son exil, qu'un incident d'une importance très secondaire, et dont le souvenir est depuis longtemps effacé. Rien ne nous paraît s'op poser à ce que le gouvernement ne laisse pas l'lnstitut s'acquitter seul d'un devoir de courtoisie et de gratitude. En rouvrant les portes de la France au soldat dont l'épée a loyalement servi son pays, à l'écrivain dont la plume contribue à l'honneur et à la bonne renommée des lettres françaises, au collectionneur ingénieux et au généreux donateur des richesses artistiques de Chan tilly, il nous semble que le gouvernement s'honorerait lui-même, et que cette me sure si équitable trouverait dans la partie saine de l'opinion publique une complète approbation....